Shebam de Alice Cooper à Zappa


  • Poptrait n°6, rude graine de producteur

    par Adehoum Arbane le 04.09.2012 Paupières de granit, mur de ma fatigue. Il fait pourtant jour, le soleil n’a pas encore pris la tangente. Il pose de façon parfaite au milieu du cadre imaginaire que dessinent virtuellement mes doigts, ses rayons sont une caresse sur le carreau sali dont les traces constituent autant de détails sur lesquels l’œil s’attarde. Mais la fatigue est trop pesante. Le labeur a eu raison de ma condition. Il m’a fallu ainsi des jours et des nuits pour venir à bout de Something/anything?, troisième album et pièce maîtresse dans l’œuvre féconde de Todd Rundgren.
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  • Poptrait n°5, portrait Rimbaud

    par Adehoum Arbane le 14.08.2012 Morrison, entre-jambes de l’Amérique. Rêve de cuir qui finira en cauchemar post mortem. Trépassé et cependant dieu vivant. Elvis moderne, Sinatra rock. Agent provocateur, politicien de l’érotique comme il le dira plusieurs fois devant une presse américaine avide de phrases chocs. Oui, il fut tout cela et bien plus. Un homme avant la star immense que l’on sait. Avec sa force. Ses faiblesses. Son amour du Jack Daniel’s constituant l’un des nombreux vices rangés dans le cabinet de curiosités d’une existence en vérité extraordinaire. Comment arriver à cerner le personnage ? Un article sur les Doors n’a jamais été envisagé sans faire de Morrison l’épicentre thématique, mythologique, au grand dam des trois autres musiciens dont les qualités sont pourtant à l’origine du « son » du groupe. Alors, oui assumons ! Assumons le portrait délesté, autocentré, exclusif, égoïste, pur, sans groupe, ni producteur, une vision, dieu sait qu’il aurait aimé ce mot, une vision donc d’un américain au dessus des autres, d’un artiste qui rivalisa avec les plus grands.
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  • Poptrait n°4, l’année de l’araignée(s)

    par Adehoum Arbane le 07.08.2012 Au commencement, Bowie était déjà Bowie. Même si dans l’alcôve secrète de son cerveau tendue de taffetas criard, il n’était que David Jones. Remontons le fleuve du temps, jusqu’en 1964. Première apparition télé à la BBC. Visage juvénile perdu dans un casque blond et soyeux. Ses yeux, petites billes bleues scintillantes, racontent déjà quelle aventure extraordinaire il va bientôt vivre. Pour l’heure, il s’agit d’introduire son club, The Society for the Prevention of Cruelty to Long-Haired Men. Deux ans plus tard, le conservatisme et la bien-pensance s’inclinent piteusement devant la génération pop ; mods, hippies, héros modernes du Flower Power. Et devant Bowie donc. Lui tricote tranquillement ses premiers tubes, Love You Till Tuesday, She’s Got Medals, In The Heat Of The Morning en tête.
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  • En réponse à un fan, who are The Who ?

    par Adehoum Arbane le 31.07.2012 Je dois l’avouer, ta doléance a quelque peu bousculé le calme ordonnancement de mon existence. Sous le vernis légitime de la circonspection, les réseaux sociaux abritant leur lot toujours grossissant de psychopathes habillement maquillés en bienfaiteurs de l’humanité, ton enthousiasme de fan m’a tout d’abord ému. Oui. J’ai été touché par la maladresse toute sympathique de ta demande. Les mots « J’attends ma Chronique. Je bous. J’enrage » me firent immédiatement songer au jeune adolescent qui, dans le réduit moite de sa chambre, attend l’instant magique où il connaîtra pour la première fois la femme, où en perdant sa gourme il quittera, tel le serpent en pleine mue, sa peau d’enfant pour entrer dans ses nouveaux habits d’homme. Et de sourire face à l’étonnant spectacle de la vie.
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  • Poptrait n°3, Lord of hammond

    par Adehoum Arbane le 24.07.2012 Alors que je réagissais sur l’Agora Digitale à la mort de Jon Lord, organiste de Deep Purple, tout en démolissant les bozos pseudo-rockeurs de U2, quelques ploucs furibards me taxèrent à la va-vite de snob. Guère surpris ni même vexé, je leur répondais avec l’assurance qui sied en pareille situation que oui j’étais snob, que oui un rock critic se devait de l’être à minima pour exercer dignement, en toute indépendance, son office. Un rock critic normal, c’est comme une chanson sans riff, c’est comme un riff privé d’un solo d’orgue. Et donc par voie de conséquence, comme une chanson de Deep Purple sans un chorus de Jon Lord.
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  • La Variété Alternative, décomplexe d’Œdipe

    par Adehoum Arbane le 14.07.2012 Nous connaissions Œdipe, l’homme, le mythe. Condamné par le destin à tuer son père et à baiser sa mère comme le soulignera très explicitement un Jim Morrison habité lors d’une mémorable et incantatoire relecture de The End jouée en sessions durant l’été 1966 au Whisky A Go-Go. Quelques décennies plus tard, c’est toute une génération de jeunes compositeurs qui semble échapper à cette théorie fondatrice de la pensée freudienne. Ils pensent, composent et chantent en français, assument même l’idée de variété. Pire, vont jusqu’à glorifier leurs ainés, les quelques figures tutélaires qui régnèrent en maîtres sur la décennie 70. Autant d’individualités qui aujourd’hui se retrouvent dans un mouvement : la Variété Alternative.
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  • Poptrait n°2, le prénom qui s'était fait un nom

    par Adehoum Arbane le 03.07.2012 Plusieurs jours déjà que le ciel est frappé d’incontinence. Les mots sont plus bleus que les nues. Le théâtre Marigny résiste majestueusement à ces contrariétés atmosphériques. Superbe dans ses habits de stuc. L’entrée déploie dans un tournoiement de pourpre un vaste décor de tapis et de miroirs sous les ors éternels et les lustres témoins. Un rêve de classicisme. Ici, les pas sont des soupirs. Des confidences. Les siècles, vaste foutoir d’histoires saccadées, sont passés par là. Une porte s’entrouvre, la pénombre s’écoule alors et avec elle les oh, les ah, les expressions heureuses des spectateurs visiblement conquis. Je me faufile avec élasticité et m’effondre dans un fauteuil moelleux.
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  • Poptrait n°1, production between the buttons

    par Adehoum Arbane le 26.06.2012 Suite à mon dernier papier, les 10 producteurs de légende qui ont fait celle du rock, de nombreux fans se sont émus de l’absence bizarre, honteuse, incompréhensible, impardonnable d’Andrew Loog Oldham. Comme je ne peux remettre en cause le principe même des « 10 » par un erratum quelque peu tardif, j’ai décidé de consacrer à l’homme une chronique en bonne et due forme.
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  • Des hauts débats, Part VII

    par Adehoum Arbane le 19.06.2012 Appelé aussi Shoegazing ou dream pop, ce courant affidé du rock alternatif fit son apparition dans le sud de l’Angleterre à la fin des années 80. Après des années de lessivage culturel incarné par les pires formations brit’, Duran Duran, Kajagoogoo, Rick Astley et tant d’autres nains de la pop, une nouvelle génération aspire à une forme d’ascèse musicale. Résumons le style de façon brève : prenez la fuzz des groupes sixties, ajoutez un mur de son spectorien, puis la froideur détachée du Velvet, des voix blêmes, en retrait et vous obtiendrez alors la formule parfaite pour devenir un groupe Shoegaze. A la presse de produire le plan de com’ du mouvement naissant. L’origine du nom reviendrait au NME.
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  • Les 10 producteurs de légende

    par Adehoum Arbane le 12.06.2012 L’explosion de la culture pop et du 33 tours, en tant que nouveau format, redessinent les contours de la création musicale à l’orée des mid-sixties. Les albums ne sont plus un amoncellement de tubes en puissance mais bien des œuvres cohérentes, osons le mot, conceptuelles. Au centre de l’édifice, aux côtés du groupe, on trouve le producteur.
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  • The Witch, Dombrance (Feat Sourya)

    par Adehoum Arbane le 05.06.2012 Une pop song composée comme un remix. Une sorte de musique électronique intelligente. Autant dance que dense. Et française de surcroît. The Witch ensorcèle. C’est logique. C’est la fonction même d’un tel être, à la fois humain et surnaturel. Encore plus quand celle-ci se trouve malaxée par les mains savantes de Dombrance, héritier malin de la meilleure pop anglaise.
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  • Des hauts débats, Part VI

    par Adehoum Arbane le 22.05.2012 Réduire le metal à une communauté de bouffons hirsutes, drapés de noir et chaussés façon milice de Belzébuth, serait un brin réducteur. Même si la tentation est grande. Même si certains de ses membres peuvent agacer par leurs outrances vestimentaires. Même si certains groupes s’avèrent hardcore, pas au sens où ils l’entendent. Le métal. Hurlant ? Oui, mais pas que.
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  • Ty Segall & White Fence, un Hair de rien

    par Adehoum Arbane le 15.05.2012 « Patience et longueur de temps font plus que force ni que rage » disait Jean de La Fontaine. Sans doute n’a t-il jamais pris le temps d’écouter la dernière livraison du duo de songwriters san franciscains, Ty Segall et White Fence, sobrement intitulée Hair. Sans doute en aurait-il eu les cheveux dressés devant tant de simplicité ramassée et d’abrasivité renardée. Oublions notre fabuliste préféré. Se pencher sur l’œuvre en question nécessite une stratégie Bonapartiste
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  • Des hauts débats, Part V

    par Adehoum Arbane le 08.05.2012 Depuis sa naissance, à l’aube des fifties joliment carrossées, le rock n’a pu exister, respirer, se mouvoir sans son indispensable corolaire, la presse rock. Avec l’arrivée des sixties et la révolution pop, la dimension stadium des seventies et l’émergence tardive mais logique de la culture mainstream dans les années 80, la presse évolua tant bien que mal se commettant parfois en analyses douteuses.
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  • Electric Guest, II

    par Adehoum Arbane le 01.05.2012 Longtemps, la Grande-Bretagne porta fièrement son nom : grande. Sa suprématie était alors totale. Son arme, fourbie avec génie et jeunesse : la pop. L’Amérique, pourtant toute puissante, tremblait devant le talent frondeur des forces vives de la Perfide Albion dont les Beatles incarnaient la toute première division. Certes, la réaction ne se fit pas attendre : la Californie lança en retour des formations prometteuses comme les Doors, Jefferson Airplane, Buffalo Springfield, Spirit, les Byrds et tant d’autres. Mais il était déjà trop tard. Aujourd’hui, l’ordre des choses semble s’être quelque peu inversé.
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  • Des hauts débats, part IV

    par Adehoum Arbane le 24.04.2012 Ah, les hippies… Plus jeune, je vouais à ces sympathiques chevelus un culte quasi obsessionnel. J’étais ainsi fasciné par leur conception de la société, l’amour libre, le rêve communautaire, le rejet du consumérisme et de la culture officielle. Au fond, ils étaient la jeunesse. L’avenir ! Aujourd’hui, la tribu prophétique aux prunelles ardentes et… aux cheveux filasse, guenilles bariolées, sandales odoriférantes, breloques artisanales et autres bricoles « bio » me débecte. Oui, je dois bien l’avouer, j’ai en horreur leur attirail hétéroclite !
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  • Les 10 plus grandes mini-symphonies pop

    par Adehoum Arbane le 17.04.2012 Dans l’histoire de la pop, il existe un genre à part entière qui fut longtemps l’apanage de l’Empire Britannique : la mini-symphonie, cette chanson dépassant la barre fatidique des deux minutes trente, construite en plusieurs parties, nappée d’arrangements extrêmement audacieux. A l’époque, on commençait à parler d’opéra rock, voire même de pop symphonique.
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  • Chez Burgalat, label et la bête pop

    par Adehoum Arbane le 10.04.2012 Tricatel. L’enseigne, discrète, semble coincée entre deux immeubles. Très loin du côté « usine » à artistes. Ce n’est pas vraiment le genre de la maison. Maison, un joli mot définissant à merveille la petite entreprise que conduit Bertrand Burgalat dans un monde ne connaissant, hélas, que la crise. J’ai rendez-vous avec le maître des lieux.
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  • Electric Guest

    par Adehoum Arbane le 03.04.2012 L’histoire du rock regorge d’albums dits de producteur. Sans même aller jusqu’à sortir de sa prison le maniaco-créatif Phil Spector, on peut citer quelques nababs de studio qui réunirent autour d’un projet, le plus souvent conceptuel, un groupe de circonstance. De l’anecdotique (The Mesmerizing Eye produit par Hank Levine et Larry Goldberg en 1967) à la franche réussite (The Smoke de Michael Lloyd et The National Gallery tout deux sortis en 1968), la démarche ô combien iconoclaste ne pouvait que faire école. Retour aux années 2000. Un homme se construit un destin. Brian Burton aka Danger Mouse s’impose aux fils des collaborations comme l’aiguillon artistique de ce nouveau siècle pop.
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  • Charles-Baptiste à l’Européen, zone éros

    par Adehoum Arbane le 27.03.2012 Un récital de variété. La chose était nouvelle. Etre à l’affiche de l’Européen, une vraie salle ? Idem pour Charles-Baptiste, jeune érotomane de la chanson dite française lorgnant d’un œil goguenard sur la pop moderne à synthé, basse rondelette et grattes revêches qu’il s’emploie à traduire sur disque.
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  • The Shins, Port Of Morrow

    par Adehoum Arbane le 20.03.2012 On l’attendait ! L’expression relève du doux euphémisme. En onze années d’existence, les Shins ont produit quatre opus. Là où les Beatles livrèrent treize albums en sept ans. Mais chez James Mercer, la valeur n’attend pas le nombre des œuvres délivrées. Séparé des contingences collectives, le nouveau line up n’ayant pu participer à l’enregistrement de Port Of Morrow, Mercer a conçu cinq ans après son chef-d’œuvre Wincing The Night Away une suite à son image.
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  • Mina May vs The Pains Of Being Pure at Heart

    par Adehoum Arbane le 13.03.2012 L’hiver a pris le monde par surprise. Après des semaines d’automne indien. C’est la première pensée qui surgit alors que j’arrive devant la Maroquinerie. Bonnet enfoncé sur la tête façon producteur de Little Miss Sunshine au pays de Sundance, je dissèque au scalpel la petite foule compacte qui s’est agglutinée devant l’entrée. Les hipsters se massent non pas au sens kinésithérapique mais forment un seul et même corps en réponse au bloc de froid inflexible. A l’intérieur, tout est mouvant et indistinctement rouge sous les quelques spots cisaillant l’espace délicatement.
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  • Des hauts débats, part III

    par Adehoum Arbane le 06.03.2012 Ah, cette agaçante « viralité » qui est vite devenue l’alpha et l’oméga de l’internaute, pire de la presse musicale professionnelle. Pas un jour qui ne se passe sans sa révélation, SON BUZZ censés faire frémir la webzone ! Parfois, la rumeur voit juste et le groupe confirme toutes les promesses placées en lui ; ce fut le cas d’Arcade Fire ou de Fleet Foxes. Le plus souvent, l’enthousiasme se dégonfle pour se transformer en succès mollasson, voire en flop total. Tant et si bien que l’on peut légitimement s’interroger : le buzz, une fausse bonne idée ?
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  • Oh ! CB et ses premiers aveux

    par Adehoum Arbane le 24.02.2012 Ça y est ! On l’attendait ! La perte du triple A ? Les dernières photos de vacances de DSK ? Non. On l’espérait, elle arrive, la déclaration de candidature de Charles-Baptiste au titre de meilleur espoir pop de l’année 2012 (année du changement fallait-il le préciser). Mieux qu’un Jean Dujardin resté muet, encore plus intouchable qu’un gang de fauteuils roulants échappés du 9-3, Charles-Baptiste, CB pour les intimes (comme le mentionne la pochette de son premier Ep), déboule dans un paysage musical encore vermoulu avec des chansons fortes, drôles, rock, variét’ mais ô combien contemporaines. Ses premiers aveux, avouons-le, sonnent justes.
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  • Des hauts débats, part II

    par Adehoum Arbane le 14.02.2012 Certains l’affirment depuis quelque temps : le hip hop ou rap, pour être plus précis, serait la pop des nouveaux temps. Idée folle mais ô combien séduisante. Ce genre né dans la rue peut s’honorer d’avoir vu ses héros devenir des légendes vivantes : Jay-Z, Kanye West comptent parmi ceux qui repoussèrent les frontières du rap, enluminant leurs disques de maint arrangements. Le destin sut les récompenser ; comme d’autres, les deux rappeurs accédèrent très vite au statut rêvé, mythifié de la pop star. Là pourrait s’arrêter la proximité entre les deux genres. Pop et hip hop, frères égaux ?
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