Shebam de Alice Cooper à Zappa


  • Eskimo, le grand saut

    par Adehoum Arbane le 28.06.2016 L’important n’est pas de savoir si Eskimo sonne comme la petite sœur australe de PJ Harvey. Non, l’important est de savoir d’où vient Eskimo. Pour comprendre la suite, à l’évidence. On la retrouve ainsi très tôt au côté d’Erwann Corré, leader facétieux et perfectionniste du collectif pop surréaliste, De La Jolie Musique. La belle y joue divers instruments, y fait parfois retentir son timbre. Alors, quand elle décide de voler de ses propres ailes sous son propre surnom, Eskimo, la jeune musicienne ose le grand saut. Pour atterrir là où on ne l’attendait pas. 
    Lire
  • Kyle Craft, dans nos petits papiers

    par Adehoum Arbane le 21.06.2016 Les amis de mes amis sont mes amis, et c’est tout naturellement que l’on suit l’avis d’Alister, singer-songwriter de son état, homme de presse et surtout homme de goût. Oh ce dernier n’est pas à proprement parler un ami, pas plus que Kyle Craft n’est le sien. De ce proverbe vieux comme le monde on retiendra donc l’esprit de confiance. La sagesse de ceux qui connaissent sur le bout de leurs doigts de pianiste les canons de la pop. 
    Lire
  • Kevin Morby, l’art du dépouillement

    par Adehoum Arbane le 14.06.2016 On connaissait les franciscains pour cette qualité-là. Se délester du confort matériel, si l’on ose dire, s’agissant de moines, pour embrasser l’absolu et la spiritualité. Inspiré par Saint François d’Assise, ces hommes défièrent l’autorité religieuse, qui elle se gobergeait dans la richesse et l’apparat. En musique il existe de ces moines artistes qui sacrifient tout à leur art, mieux, qui choisissent l’expression la plus dépouillée pour faire surgir la beauté là où elle se trouve. Paradoxalement, c’est ici le cas de Kevin Morby. 
    Lire
  • The Limiñanas, novelists rock

    par Adehoum Arbane le 07.06.2016 Pris dans l’épuisante immédiateté du monde moderne, essoré par la lessiveuse médiatique, on oublie tout simplement de se poser, de penser. Il faut hélas l’avouer, la critique rock ne fonctionne plus qu’aux moyens d’étiquettes, facilité qui prive tout un chacun d’un droit à l’analyse qui devrait irriguer le journalisme pop. La musique des Limiñanas s’avère, par essence, référentielle. Elle puise son énergie, sa sève dans ce corpus musical que sont les musiques populaires, qui s’époumonent depuis plus de cinquante ans. 
    Lire
  • Lafayette ou le génie français

    par Adehoum Arbane le 31.05.2016 Ne nous voilons pas la face, la pop est et restera anglo-saxonne. Question d’identité. Tout un pan de notre histoire contemporaine en atteste. La France a longtemps hésité à assumer ses particularismes – cette langue française si peu faite pour les refrains limpides – malgré quelques noms prestigieux, dont Serge Gainsbourg que Lafayette ne se prive pas de citer dans son dernier single, le sulfureux La mélancolie française. Et pourtant, Lafayette réussit cette alliance fantasmée entre l’exactitude pop et la volubilité de la langue française. Mais dans cette nouvelle contribution il va plus loin. 
    Lire
  • Chatelard, le dix-neuvièmiste

    par Adehoum Arbane le 24.05.2016 L’artiste, cet être tourmenté, obsédé. Pas tant pour son étrange manie de toujours réécrire, de repeindre couche après couche une œuvre qui ne peut être figée. Chez Alexandre Chatelard, l’obsession va plus loin, même si elle passe par cette exigence maniaque. Sans peut-être le savoir, cet auteur-compositeur bien connu des radars de la création musicale post-moderne s’avère, paradoxe ultime, un dix-neuvièmiste. Un amoureux des temps anciens, littéraires et picturaux auxquels il fait référence. L’art académique – ne pas entendre conventionnel – dont il est question ici s’efforçait ainsi d’approcher la perfection...
    Lire
  • Daisy Lambert, the great geek in the sky

    par Adehoum Arbane le 17.05.2016 Ground Control To Major Tom ? Rien, aucune réponse et pour cause, son créateur est mort. Disparu, aspiré. Rassurons-nous, d’autres se sont levés, déjà prêts, avec dans leurs mains fécondes la matière nouvelle de la pop du futur. Daisy Lambert ne nous avait pas réellement quitté, il nous revient aujourd’hui avec l’amorce stellaire d’un deuxième album qui s’annonce grandiose. Ce clair-obscur galactique, cet autre versant de la lune s’appelle Les Cœurs Célestes. Ode à l’amour prétend la formule. Il est vrai même si cette évidente définition, pour simpliste qu’elle soit, semble lui aller comme un gant. 
    Lire
  • Pensée de la Police

    par Adehoum Arbane le 10.05.2016 Et si les années 80 étaient moins insipides qu’il n’y paraît ? Deux groupes et peut-être deux chansons démontrent, s’il en était, la résilience d’une musique qui serait cependant rudoyée, torturée pour finir rabougrie à force de céder aux canons des radios et, ô nouveauté, de la télévision, surtout MTV et son média roi, le vidéo clip. Le premier des groupes sonne familier à l’oreille, pas tant pour sa référence autoritaire mais pour la qualité et l’originalité de son répertoire, je veux parler de The Police. 
    Lire
  • Juliette Armanet, l’art manié de la pop

    par Adehoum Arbane le 03.05.2016 C’est peut-être la chose la plus précieuse qui soit. Un graal pour certains. Un secret bien gardé pour d’autres. Tous en rêvent, car il fédère la pop au-delà du temps, des époques, nous parlons de ce satané refrain. Il est le trampoline sans quoi une mélodie, aussi parfaite, aussi pure soit-elle, ne pourrait s’envoler vers les sommets. Qu’il s’exprime en anglais ou dans la langue – plus châtiée – de nos grands littérateurs, seule compte son exactitude. Sa capacité à durer, à perdurer même. Juliette Armanet semble avoir décroché la martingale.
    Lire
  • Gaspard Royant, le feu et la classe

    par Adehoum Arbane le 26.04.2016 Il convient de dépasser le simple débat du revivalisme, ou même du vintage. Gaspard Royant s’affirme comme un styliste accompli, point. Le constat, flagrant, explose à chaque seconde de son deuxième effort, Have You Met Gaspard Royant ?, dont l’adresse reste de manière fort habile dans les mémoires, comme un rappel. Tout dans ce disque, des morceaux jusqu’à la pochette, parle de son amour pour ce que l’on appelait naguère le « bel ouvrage ». 
    Lire
  • Libéralisme et progressif

    par Adehoum Arbane le 18.04.2016 Jamais une doctrine économique – habituellement décriée – n’aura autant collé à un genre musical. Loin de l’appréciation sommaire – (rock plus argent) multiplié par cynisme égale capitalisme – à laquelle on aurait trop facilement la tentation de céder, il s’agit bien de montrer en quoi le rock progressif s’avère un style profondément pénétré, habité par le théorie libérale. Celle-ci ne doit pas au passage être vue comme un dogme, mais bien comme un prisme.  Si nous devions la définir brièvement nous dirions qu’au-delà de l’adéquation naturelle entre offre et demande...
    Lire
  • Alice Cooper, hell et lui

    par Adehoum Arbane le 12.04.2016 Les apparences sont trompeuses et, par prudence, il ne faut jamais s’y fier. Pour le commun des mortels adepte du métal le plus sommaire, Alice Cooper c’est l’homme à la peau parcheminée, regard fardé-zébré et commissures d’où s’écoule un sang noir, un corps de pantin tout en perfecto clouté et pantalon de cuir, parfois accompagné d’un python, voire plus inquiétant d’une hache. Âme damnée souvent annonciatrice d’un tonnerre de décibels. Pour quelques-uns, les 30% les plus érudits, Alice alias Vincent Furnier est surtout cette ancienne gloire des sixties-seventies
    Lire
  • Breakfast in Australia

    par Adehoum Arbane le 04.04.2016

    Disons-le sans ergoter. Currents est à Tame Impala ce que Breakfast In America fut à Supertramp. Maintenant que le débat est posé, il serait sage de dissiper tout malentendu. Il ne s’agit pas de prétendre que les albums sonnent de la même manière, qu’ils empruntent la même autoroute inspirationnelle, non. Au-delà même des années qui les séparent, de leurs styles respectifs, c’est dans leur démarche intrinsèque et, plus largement, dans le parcours des groupes, que la comparaison s’avère pertinente. 


    Lire
  • Premiata Forneria Marconi, classique latin

    par Adehoum Arbane le 28.03.2016 D’une certaine manière, la musique classique était la pop des temps anciens. Les compositeurs incarnaient l’avant-garde et jouissaient en même temps d’une grande renommée. Ils voyageaient de pays en royaumes pour jouer leurs œuvres devant les grandes cours d’Europe. Ils s’appelaient Bach, Mozart, Wagner, Chopin, Berlioz, Ravel, Purcell, Vivaldi, Rossini, Puccini. À cette époque donc, quatre nations dominaient : l’Allemagne et la France, dans une moindre mesure l’Angleterre et bien sûr l’Italie. L’Italie, pays dont la puissance patrimoniale fit écho jusque dans la musique mais en cultivant certains particularismes, un romantisme échevelé
    Lire
  • Cressida, folle élégance

    par Adehoum Arbane le 21.03.2016 Et si derrière les stéréotypes culturels, jaillissait – haut et fier – le soleil de la vérité ? Ainsi l’élégance reste la marque indélébile des britanniques. Preuve en est le deuxième album de Cressida – Asylum –, paru en 1971 sur le mythique label Vertigo. Car derrière cette pochette Syd Barrettienne se cache un disque exquis, mêlant avec une grâce infinie – savamment dosée – jazz, pop et envolées progressives mesurées. Disons-le d’abord pour en être débarrassé – la comparaison n’est pas honteuse, voire plutôt flatteuse –, Cressida pourrait largement s’inscrire dans la scène de Canterbury, lui manque peut-être cet orgue fuzz pour y prétendre. 
    Lire
  • LaMontagne sacré

    par Adehoum Arbane le 14.03.2016 Surgi de la nuit des temps, l’ouroboros nous revient aujourd’hui. Allégorie présente dans de nombreuses civilisations perdues depuis – mais ô combien fascinantes –, le serpent qui se mort la queue symbolise la continuité, l’autofécondation et l’éternel retour. Un animal si puissant, si protecteur – dans la culture nordique – qu’il finit par s’enfermer dans un perpétuel recommencement. Étonnant paradoxe qu’a retenu Ray LaMontagne pour son sixième album – son meilleur ? La question semble plus que légitime tant le singer-songwriter est parvenu à se réinventer en évitant le grand écart stylistique. 
    Lire
  • King Crimson, Red dingue

    par Adehoum Arbane le 07.03.2016 On dit souvent – ce n’est pas faux – que Low posa les bases de la new wave ; de la froideur et de la mélancolie dans la pop. Pourtant trois ans avant, un groupe devant livrer son chant du cygne jeta avec impudeur l’une de ses œuvres les plus crues, et en même temps la plus aboutie. Fondatrice. Ce groupe, c’est King Crimson. Cet album, c’est Red. Disque au nom trompeur – quoique – car tout ici suinte la noirceur d’une âme torturée, que son physique de professeur de mathématique ne laissait pas présager ; nous parlons du guitariste Robert Fripp.
    Lire
  • Rock’n’roll suicide

    par Adehoum Arbane le 29.02.2016 Comme pour la vie, la mort est intimement liée à l’histoire du rock. Ce fut d’abord les morts subites, précoces, forcément injustes. Buddy Holly, Otis Redding. Puis le fameux club des 27 inauguré par Brian Jones, suivi du trio infernal Hendrix, Joplin, Morrison. Mais là, les choses sont différentes. Ce nouveau cycle funèbre a commencé le 4 décembre 1993 avec le décès de Zappa, pour se poursuivre le 9 aout 95 avec celui de Jerry Garcia. Mais cela n’était qu’un prologue. Les années 2000 marquent la confrontation entre deux visions de la mort, deux slogans. 
    Lire
  • Argus, grosse cotte

    par Adehoum Arbane le 22.02.2016 La six cordes, une affaire d’hommes. De préférence virils, triturant les riffs comme on soulève les montagnes. En cette fin de seventies, alors que certains explorent le versant caché de leur féminité, la majorité s’adonne à un rock dur, tout à la fois heavy, mental, metal, hurlant. Sauf peut-être Wishbone Ash. Qu’ils soient anglais ne tient aucunement au hasard, tant leur musique se veut de la dentelle, assemblée pourtant à la pointe du médiator. Wishbone Ash n’appartient pas à la première division des groupes et artistes essentiels, cette poignée qui à elle seule a révolutionné le rock. 
    Lire
  • Fat White Family, other fuckers

    par Adehoum Arbane le 15.02.2016 Et si le nihilisme était la meilleure preuve qu’un album de rock est bien ce qu’il prétend être : rock ? Après leur très remarqué premier essai, le si coquettement nommé Champagne Holocaust, la Fat White Family récidive avec une deuxième tentative. Rien que l’impossibilité de nommer la chose en dit long sur l’étrangeté de ce Songs For Our Mothers. Difficile aussi à situer sur une cartographie musicale, quelle qu’elle soit. Sont-ils américains comme le laisserait présager la dureté, l’aridité, voire la dégueulasserie de la musique, ou plutôt anglais comme le raconte leur biographie, détail qui s’avère pourtant exact. 
    Lire
  • Jim, Croce du droit

    par Adehoum Arbane le 08.02.2016 Dilemme absurde comme il en existe tant, les quelques disques qu’on aurait le droit d’emporter – on se demande bien qui décida de cette règle – sur une île déserte. Ou pire, ceux qui finiront à coup sûr dans les classements du type, les 50 meilleurs albums de tous les temps, ever. Ces œuvres ont en commun d’appartenir à la première division du rock, soit les incontournables, et que l’on ne fera pas l’offense de citer. Certes, il existe loin derrière les œuvres mineures, voire dispensables et au milieu, coule la rivière de ces petits chef-d’œuvre oubliés...
    Lire
  • Martin Circus, les marrants de l’an II

    par Adehoum Arbane le 01.02.2016 En 1971, lorsque Martin Circus publie son deuxième effort – et quel effort ! –, baptisé sobrement Acte II, le groupe progresse sans changer de cap. C’est là sa grande force. Loin des Ange, Mona Lisa, Atoll qui s’évertuent à jouer les copistes d’un prog, anglais à l’écrasante majorité, Martin Circus approfondit la musique initiée sur En direct du Rock’n’roll Circus. Soit un rock efficace mais sans cesse imaginatif. Surtout, jamais il ne cède aux sirènes de la mode, des codes soufflés en catimini par les grandes formations comme Genesis ou Yes. 
    Lire
  • Chansons adultes d'un Benjamin de la pop

    par Adehoum Arbane le 25.01.2016 J’avoue avoir été touché par Night Music, Love Songs de Benjamin Schoos. Littéralement terrassé. Malgré ses lenteurs, à l’évidence assumées. Malgré son petit côté Rock Bottom des temps modernes. Cet album porte bien son nom qui s’épanouit le soir, quand le monde est couché, quand, casque sur les oreilles, on accepte de errer entre demi-sommeil et rêve éveillé, hébété. Mais il ne faudrait pas rester en surface, dixit Le Grand Paquebot Va Sombrer. La surface des choses, l’écume des nuits donc, ce serait d’affirmer que ce disque est celui des retours d’after. 
    Lire
  • Martin Circus, acte fondateur

    par Adehoum Arbane le 18.01.2016 On réduit un peu trop vite Martin Circus au rock à nez rouge. Une réalité bien française en général – certes – mais qui cependant se limite à la période mainstream du groupe dont le point d’orgue demeure l’épouvantable pastiche de Barbara Ann, Marylène. À leurs débuts les Martin n’étaient pas des – Les – Charlots. Pas encore. Ils représentaient même l’un des premiers et plus beaux fleurons du rock hexagonal, tenté par l’aventure underground et dont les références – Soft Machine et surtout Zappa – définiraient les contours d’un style en vérité audacieux. 
    Lire
  • Allen Toussaint, l’ouverture

    par Adehoum Arbane le 11.01.2016 Malgré les courants qui structurèrent les sixties – d’une nation à l’autre –, jamais celles-ci ne furent dominées par l’esprit de chapelle. Ainsi pouvait-on, à l’époque, passer sans difficulté de Led Zeppelin à Marvin Gaye. Un singer-songwriter incarna de façon exemplaire cette tendance à la transversalité : Allen Toussaint. Un disque résume à merveille cette philosophie : Southern Nights. Considéré depuis comme sa meilleure contribution, il ne faudrait cependant pas s’arrêter au seul critère du jugement, fut-il communément partagé, mais plutôt explorer l’œuvre en question afin d’en saisir l’importance. 
    Lire
Top