Shebam de Alice Cooper à Zappa


  • Francesco Bianconi, splendeur abyssale

    par Adehoum Arbane le 17.11.2020

    L’esprit fin de siècle n’a jamais été aussi prégnant qu’aujourd’hui. Angoisse climatique, sanitaire, identitaire et religieuse, le monde semble au bord du gouffre. Et comme souvent, ce sont les italiens qui ressentent le mieux ce curieux sentiment contradictoire. N’oublions pas que les progrès technologique et économique ont rallongé notre espérance de vie. Entre désespoir et espérance, obscurantisme et renaissance, ainsi va ce grand peuple latin dont Francesco Bianconi est, en 2020, le sublime ambassadeur. 


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  • Joan Armatrading, tale & betrayal

    par Adehoum Arbane le 10.11.2020

    La sincérité d’un singer-songwriter est souvent évoquée dans les articles, à grands coups de sentences. Argument automatiquement contesté lorsque l’œuvre gravée en parait dépourvue, c’est-à-dire quand seule l’efficacité pop, le graal absolu, prédomine. L’histoire de Joan Armatrading relève du cas d’école buissonnier, car tenant des deux aspects. Si son premier long, Whatever's For Us, jouit d’une réelle force mélodique, la sincérité de ses chansons – car elles le sont – existe. Cependant elle est à chercher ailleurs que dans la musique...


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  • Incredible String band, hit coast ?

    par Adehoum Arbane le 03.11.2020 Après la jeunesse, faite d’espérance, survient bien souvent le temps des désillusions. L’année 1974 pourrait être ce point de bascule, surtout pour l’Incredible String Band, duo formé par ces deux songwriters inclassables que sont Robin Williamson et Mike Heron. En 74 donc, le groupe – augmenté de Malcolm Le Maistre, Graham Forbes, Stan Lee et Jack Ingram – sort Hard Rope & Silken Twine. Album touchant, car il marque, à maints égards, la réelle fin d’une époque. On passe ainsi de l’Éden des sixties à l’Ère Industrielle des seventies. Il faut une bonne dose d'ironie...
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  • Vacance, du pouvoir !

    par Adehoum Arbane le 27.10.2020 Je préfère une mauvaise pub à pas de pub du tout. La phrase, de celles que l’on a tous entendue ou proférée, sonne comme une évidence. L’hostilité est parfois plus douce que l’indifférence. Et l’indifférence c’est par définition le vide. La nature ayant horreur du vide, il convient alors le combler, d’exister, de proposer et ce, quel qu’en soit le prix. Un jeune groupe a décidé pourtant de défier cet axiome. Il s’appelle Vacance. Pas la villégiature, le traditionnel chassé-croisé entre juilletistes et aoûtiens, les joies du camping. Rien de tout cela, bien que le groupe se soit formé l’été dernier. Vacance au singulier fait surgir une toute autre imagerie...
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  • Robert Wyatt, by Alfreda

    par Adehoum Arbane le 20.10.2020 Robert Wyatt est sans doute l’un des musiciens et personnages les plus singuliers de la pop britannique, voire de la pop tout court. Inclassable, sa musique nous accompagne depuis plus de quatre décennies. Il y a la voix de Robert, frêle comme une tasse de thé en porcelaine sur le point de se briser. Il y a aussi son jeu de batterie dont il nous aura gratifié ces quelques poignées d’années de liberté, trop peu à notre goût. Il y a surtout ses disques et ses chansons – au sein de Soft Machine, de Matching Mole et en solo –, trop rares pour être égarées. Ces trésors font partie de ce  que nous avons de plus précieux.
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  • Hendrix le déraciné

    par Adehoum Arbane le 13.10.2020 Celui qui ne sait pas d’où il vient ne peut savoir où il va, disait Bismarck. Jimi Hendrix, qui avait notamment commencé sa carrière avec Johnny Hallyday à l’Olympia, avait une petite idée sur la question. Toute le musique qu’il aimait venait de là, elle venait du blues et jusqu’à son dernier souffle, le gaucher de Seattle lui resta fidèle. Les onze minutes de Red House à l’Ile de Wight, malgré la qualité de la prestation décriée à l’époque, en témoignent. Pourtant, tout dans l’histoire brève mais folle du célèbre soliste va à rebours de ce postulat. Même s'il avait le blues chevillé au corps, Hendrix fut, de ses débuts...
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  • Matching Mole ou l’annonciation

    par Adehoum Arbane le 06.10.2020 Une douleur articulaire, vous pouvez en être sûr : il va pleuvoir ! Du simple rêve aux signes médiumniques en passant par l’annonciation divine, l’art de la prémonition aura connu des incarnations diverses. Un tel phénomène semble exister s’agissant de la pop et une œuvre – il doit en exister d’autres – s’est attelée pour mission de délivrer un message, presque subliminal si l’on n’y prête aucunement attention. Sorti en novembre 1972, la même année que son prédécesseur, Matching Mole’s Little Red Record n’est pas seulement le deuxième disque du groupe fondé ironiquement par Robert Wyatt suite...
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  • 1969, année fatidique ?

    par Adehoum Arbane le 29.09.2020

    « If you’re going to San Francisco, be sure to wear some flowers in your hair. » La célèbre phrase qu’entonne Scott McKenzie le 13 mai 1967 en introduction de son tube éternel, San Francisco, n’avait pas forcément valeur d’avertissement. Elle traduisait un moment in time comme disent les anglais. Soit l’incroyable vent de liberté qui souffle alors sur la Californie, et surtout San Francisco. La Mecque du psychédélisme hippie. Et McKenzie de poursuivre : « For those who come to San Francisco/Summertime will be a love-in there/In the streets of San Francisco/Gentle people...


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  • Band à part

    par Adehoum Arbane le 22.09.2020 Né en littérature, le mythe de l’antihéros appartient désormais au Cinéma. Et prend des formes différentes selon les genres. C’est la figure taciturne et ombrageuse du manchot incarné par Clint Eastwood dans la Trilogie du Dollar. C’est aussi le personnage de Han Solo, mercenaire et gentil voyou au début de la saga qui se mue en généralissime galactique au tout dernier acte. C’est enfin Snake Plissken dans New York 1997, œil lepénisé, magnifiquement incarné par Kurt Russell. L’antihéros existe aussi dans la mythologie rock. C’est Ray Davies des Kinks qui semble n’avoir cure des modes et du succès...
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  • Souviens-toi, Barbara…

    par Adehoum Arbane le 15.09.2020 On oublie souvent de le dire : ce qui fit la magie de Hatfield & The North et de son avatar heureux, National Health – super groupes de Canterbury –, ne tient pas tant au fameux son d’orgue fuzz, généré ici par Dave Stewart. Ni à la virtuosité sinueuse et délicate de la guitare de Phil Miller. Ou à l’agilité fracassante du batteur Pip Pyle, l’autre percussionniste de génie à ranger à côté de Robert Wyatt. Ou à la folle inventivité d’un John Greaves. Sans parler de la basse, noueuse comme un lierre grimpant, de Richard Sinclair, excellent chanteur qui plus est. Ce qui rend ces quelques disques si précieux pourrait tenir à cet art...
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  • Lemon Twigs, all the young dudes

    par Adehoum Arbane le 07.09.2020 Même en 2020, l’Amérique demeure une Nation jeune. Et ce, malgré les vieux dirigeants qui prétendent la diriger. Deux-cent quarante-quatre ans, c’est beaucoup et peu à la fois. Voilà pourquoi les américains n’ont aucun mal à revisiter leur Histoire, contrairement aux injonctions contemporaines qui n’ont de cesse de réécrire le passé, quand celui-ci n’est pas tout bonnement censuré. En témoigne le succès du western au cinéma dont les multiples incarnations peuplent nos écrans, petits et grands. Cette salutaire survivance peut être vue comme une réponse fière, tête haute...
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  • Agitation Free, jam, jam pas ?

    par Adehoum Arbane le 01.09.2020

    « We're jammin'. I want to jam it with you. We're jammin', we're jammin'. And I hope you like jammin' too » chantait-il d’une voix indolente, belle d’abandon, dans un élan étiré. La jam, ce terrible avatar des années 70, ne signifiait pas seulement confiture comme le croyait Paul Weller. À la toute fin des sixties, il était de coutume de voir des artistes jammer après un concert. Ce rituel renvoyait à un imaginaire de franche camaraderie, à la fois viril et décontracté. Puis, la jam quitta la scène pour être transposée sur disque. Hendrix en fut un des précurseurs avec Voodoo Chile (Electric Ladyland)...


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  • Neighb'rhood Childr'n, enfants terribles

    par Adehoum Arbane le 25.08.2020 « Là où Attila a passé, l’herbe ne repousse plus. » Adage antique mais qui a aujourd’hui encore valeur d’avertissement. Qu’il s’agisse de chef de guerre, d’homme d’état à la blonde houppette, l’Histoire n’est pas avare de ces figures à poigne qui bien souvent pratiquèrent la politique de la terre brûlée. La pop qui n’aura connu que des trajectoires inspirantes n’échappe cependant pas à cette funeste réalité. Un groupe issu de la scène de San Francisco témoigne de cette volonté de tout saccager en même temps qu’il explore de nouveaux territoires musicaux. Non, pas que les Neighb'rhood Childr'n, puisqu’il s’agit...
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  • Tommytruant

    par Adehoum Arbane le 28.07.2020 Arriver à un certain niveau de connaissance amène souvent le spécialiste, au contraire du profane, à considérer un art de manière fragmentée, en préférant le particulier au général. Il en bien évidemment ainsi avec la pop musique. Les Beatles qui font l’unanimité sont souvent l’objet d’une bataille critique avec ses forces en puissance, ses camps : ceux qui vont vénérer leur début où le rock juvénile, la fraîcheur des mélodies et de l’interprétation primaient quand d’autre vont défendre mordicus la période dite psychédélique – avec à l’intérieur un schisme entre les pré et les post-Sgt. Pepper’s. On ne parlera pas du feu...
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  • The Fish rising ?

    par Adehoum Arbane le 21.07.2020 Le chef-d’œuvre indépassable. La phrase claque comme l’étendard états-unien. L’expression n’est pas aussi innocente qu’elle n’y parait. Elle dit autre chose : qu’il est parfois impossible de réitérer un premier exploit, surtout quelques années après, quand l’inspiration fraîche des débuts s’est alors fanée. Country Joe & The Fish a eu l’audace – on pèsera le mot – voire même l’outrecuidance d’écrire et d’enregistrement consécutivement deux chefs-d’œuvre en cette féconde année 67 où le Summer Of Love battait son plein, avec le psychédélisme acide comme porte-voix. Geste artistique sans commune mesure et qui devait en même temps...
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  • Logan Ledger, sirènes du passé ?

    par Adehoum Arbane le 14.07.2020 Ce qui est bien, voire pratique, avec la Country, c’est qu’elle sonnera toujours de la même manière. Que l’on remonte le long fleuve du temps jusqu’au XIXème siècle, ou que l’on s’arrête avant, dans les années 1920, 1950 – avec l’apparition de la pedal steel guitar –, ou même en 1968 lorsque les Byrds gravent Sweetheart Of The Rodeo, rien n’y change. Constat identique pour le jazz, quoique le genre aura tout de même connu de nombreuses révolutions : passer du style Big Bands – ou Brass Bands –, au Bebop, Hard Bop, jazz modal et à la fusion ne fut pas une mince affaire.
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  • Faith to Faces

    par Adehoum Arbane le 07.07.2020 Nous sommes des millions à connaître par cœur les mots célèbres de maître Yoda adressés au jeune Luke au sujet de la force : « La vie l'a créée, l'a faite grandir. Son énergie nous entoure et nous relie. Nous sommes des êtres illuminés, pas une simple matière brute. » On pourrait aisément transposer le concept de Force à celui d’esprit, une forme de sensibilité cachée sous la matière brute de la musique rock. Surtout en ce début de décennie 70 qui assiste, médusé, après la séparation des Beatles, à l’explosion des Led Zep, Deep Purple et autres Black Sabbath dans un torrent de décibels. C'est aussi le temps de l'emphase...
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  • Face au cauchemar de 69, Paul Revere

    par Adehoum Arbane le 30.06.2020 L’accord majeur est parfois délaissé au profit du mineur. Qu’elle en est la raison ? Le mode mineur témoigne d’un attrait pour la mélancolie et les artistes qui l’adoptent déclenchent systématiquement – mais très paradoxalement – des torrents d’empathie. Le mode majeur quant à lui incarne la joie, une certaine candeur – pour ne pas dire naïveté – qui le cantonne dans un registre, entre niaiserie et facilité. Ainsi, des petits malins se sont attaqué à Stairway To Heaven, réenregistrant ce classique ataraxique en majeur et diffusant la vidéo de leur méfait sur Youtube. Le résultat, fort logiquement catastrophique...
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  • Pentangle, vieilles branches

    par Adehoum Arbane le 23.06.2020 Si nous devions donner un conseil de lecture à nos chères têtes blondes, pas tout à fait adolescentes, nous les pousserions une main sur l’épaule vers Jules Vernes, Roald Dahl, Tolkien bien sûr, mais aussi Chrétien de Troyes et la littérature arthurienne dont il fut le fondateur. Et comme bande-son de ces folles aventures, entre héroïsme et amour courtois, nous aurions tendance à leur associer très naturellement la musique de Pentangle. Cette formation anglaise prend source dans les circuits folk et jazz londoniens. Bert Jansch et John Renbourn ont déjà roulé leur bosse ensemble. Leurs jeux de guitare, bien que différents...
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  • KAK, tempête du désert

    par Adehoum Arbane le 16.06.2020 Avec le temps le rock s’est diversifié en scènes, chapelles et autres sous-genres. Parmi eux, le Stoner Rock appelé aussi Desert Rock. Popularisé au cours des nineties par quelques groupes bruitistes, dont des formations emblématiques comme Kyuss qui deviendra Queen Of The Stone Age, cette musique prend sa source du côté de Joshua Tree. Cette région bien connue des amateurs de pop – on ne songe pas tant à U2 mais à Gram Parsons qui succombera d’une overdose dans ses immenses solitudes – aura fait naître des hymnes hypnotiques et lourds, toujours mélodiques et empruntant à un certain psychédélisme d’antan...
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  • La Qualité Françoise !

    par Adehoum Arbane le 08.06.2020 Le made in France ou Qualité Française effectue de nos jours un formidable retour en force ! Qui d’un politique, hier en marinière, sortant son miel ; qui de jeunes startupeurs lançant fièrement leur slip sur le marché, au sens propre comme au figuré ; qui d’un sweat clamant son cocorico national de ses mailles noués et liés à son pays. S’agissant de la musique pop, il y eut bien entendu la French Touch, incarnée par quelques formations universalistes telles Daft Punk, Air, Justice ou Phœnix pour ne citer qu’elles. Mais un malentendu a toujours plané au sujet du rock français et plus globalement de la pop...
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  • Just A Girl Called Eddy ?

    par Adehoum Arbane le 02.06.2020 Des avis tranchés, sans retour possible. Ainsi va notre monde contemporain, toujours (trop) sûr de lui. Qui plus est lorsqu’il affirme ses poncifs sur les réseaux sociaux. Il n’est nullement question d’assumer fièrement une absence d’ossature intellectuelle, politique, spirituelle ou artistique. Mais les choses sont en vérité plus complexes. Il y a la vie des idées, des idéologies mêmes – pour ne pas dire des totems – qui passent et restent gravées dans le marbre de nos conventions. On ne peut s’y soustraite sans être accusé de traitrise, sans être illico presto voué aux gémonies. Ce sont des principes intangibles, inviolables.
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  • The Wall of Patrick

    par Adehoum Arbane le 26.05.2020 Malgré la déferlante punk qui s’abat d’un coup sur l’Occident – de la Perfide Albion à la grosse pomme –, The Wall des Pink Floyd et Breakfast In America de Supertramp, deux albums sous stéroïdes, constituent les deux plus gros succès de l’année 1979. Mais c’est sans doute le premier qui demeure le plus massif par son ambition démesurée, œuvre fleuve d’une époque à venir et dont la figure la plus inquiétante et pas moins fascinante ne fut pas le Président Reagan. Ni le jeune et fougueux Donald Trump. Ce n’est pas d’eux dont nous voulons vous parler. Non. Prenons le temps de nous plonger à l'intérieur de cet album...
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  • GospelbeacH, art total

    par Adehoum Arbane le 19.05.2020 « Le rock, c’est ce qui englobe tout sauf Wagner » disait Pierre Desproges. Malgré son ironie mordante – l’humoriste fustigeait en fait les décérébrés aphones bramant sur des mots qu’ils ne comprennent pas –, la phrase mérite qu’on s’y arrête un moment. Le rock est-il, tout comme la pop, une appellation générique sous laquelle on viendrait ranger différents sous-genres ou un terme idiosyncratique, vivant indépendamment d’autres genres, pour le coup, eux aussi autonomes ? Les récentes évolutions musicales, et donc culturelles, nous inciteraient à retenir la deuxième option. Et pourtant, le rock américain n'en a cure.
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  • Charles-Baptiste, l’après

    par Adehoum Arbane le 12.05.2020 Rien ne sera plus comme avant. Le confinement aura donc eu raison de l’ancien monde, laissant déjà poindre l’après, à inventer bien évidemment. C’est peu de dire que cette éventualité fascine autant qu’elle effraie. Changer de monde, c’était la promesse de nos grands oncles hippies, des Dylan, des Beatles. Leur utopie s’était fracassée contre le mur des réalités. Et les seventies avait remis tout ce petit monde à sa place, y ajoutant son lot d’horreur guerrier et de cynisme politique. Alors qu’aujourd’hui, nos sociétés sont arrivées à un niveau jamais égalé de développement et de sophistication, l’idée de tout balancer...
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