Comme pour l’Amérique et la Chine, la suprématie des Beatles est indiscutable. Ce n’est plus un élément subjectif, relevant du « j’aime/j’aime pas » mais un fait. Même l’équipe du fact checking de Libé s’est inclinée devant cette vérité : de 1962, année de sortie de leur premier single Love Me Do, à leur séparation en 1970, les Beatles ont régné en maîtres. Mieux, ils ont inventé en treize albums les canons de la pop moderne pour les décennies à venir. Deux rétrospectives bien connues des fans et des collectionneurs en attestent. Les doubles compilations The Beatles/1962-1966 et The Beatles/1967-1970...
L’esprit fin de siècle n’a jamais été aussi prégnant qu’aujourd’hui. Angoisse climatique, sanitaire, identitaire et religieuse, le monde semble au bord du gouffre. Et comme souvent, ce sont les italiens qui ressentent le mieux ce curieux sentiment contradictoire. N’oublions pas que les progrès technologique et économique ont rallongé notre espérance de vie. Entre désespoir et espérance, obscurantisme et renaissance, ainsi va ce grand peuple latin dont Francesco Bianconi est, en 2020, le sublime ambassadeur.
La sincérité d’un singer-songwriter est souvent évoquée dans les articles, à grands coups de sentences. Argument automatiquement contesté lorsque l’œuvre gravée en parait dépourvue, c’est-à-dire quand seule l’efficacité pop, le graal absolu, prédomine. L’histoire de Joan Armatrading relève du cas d’école buissonnier, car tenant des deux aspects. Si son premier long, Whatever's For Us, jouit d’une réelle force mélodique, la sincérité de ses chansons – car elles le sont – existe. Cependant elle est à chercher ailleurs que dans la musique...
« If you’re going to San Francisco, be sure to wear some flowers in your hair. » La célèbre phrase qu’entonne Scott McKenzie le 13 mai 1967 en introduction de son tube éternel, San Francisco, n’avait pas forcément valeur d’avertissement. Elle traduisait un moment in time comme disent les anglais. Soit l’incroyable vent de liberté qui souffle alors sur la Californie, et surtout San Francisco. La Mecque du psychédélisme hippie. Et McKenzie de poursuivre : « For those who come to San Francisco/Summertime will be a love-in there/In the streets of San Francisco/Gentle people...
« We're jammin'. I want to jam it with you. We're jammin', we're jammin'. And I hope you like jammin' too » chantait-il d’une voix indolente, belle d’abandon, dans un élan étiré. La jam, ce terrible avatar des années 70, ne signifiait pas seulement confiture comme le croyait Paul Weller. À la toute fin des sixties, il était de coutume de voir des artistes jammer après un concert. Ce rituel renvoyait à un imaginaire de franche camaraderie, à la fois viril et décontracté. Puis, la jam quitta la scène pour être transposée sur disque. Hendrix en fut un des précurseurs avec Voodoo Chile (Electric Ladyland)...