C'était mieux avant


  • Rough Machine

    par Adehoum Arbane le 14.04.2020 En brocante, tomber sur un vinyle d’occasion en parfait état – pochette comme disque – ne signifie qu’une chose. L’œuvre n’a pas été beaucoup écoutée. Ainsi, on peut en déduire qu’un vinyle en très mauvais état est un authentique chef-d’œuvre. De ceux que ses propriétaires successifs ont éprouvé, voire malmené. Cette règle est le pendant de celle qui a fait de Dark Side Of The Moon le disque idéal pour tester sa chaîne HI-FI. S’agissant du troisième album de Soft Machine, ce dernier nous le rend bien. Par-delà les sillons abîmés, c’est un cri qui se libère et surgit face à nous, tel un Dick Turpin sonique. 
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  • Weller outragé, martyrisé, Weller libéré !

    par Adehoum Arbane le 07.04.2020 La biographie, surtout dans le domaine du rock où le moindre guitar hero est sanctifié, rime bien souvent avec hagiographie. Et pour cause, nombreuses sont les bios à être purement et simplement des livres de fans. Le fan, cette engeance maudite qui, avec sincérité et sans la moindre complaisance, arrivera à transformer cet exercice honnête en déferlement lacrymal à tendance énamourée, la pire au fond. Fort heureusement, certaines productions échappent à ces travers, mieux elles font l’objet d’un travail critique minutieux avec, en ligne de mire, le souci de l’analyse musicale...
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  • Incredible String Bob

    par Adehoum Arbane le 31.03.2020 Si ce couillon de Dylan avait pris le tournant du psychédélisme, qu’aurait-il donné sur disque ? Cette question cruciale restera à jamais sans réponse. Ce n’est pas tant que nous regrettons cet enchaînement magique que constituent Bringing It All Back Home/ Highway 61 Revisited/Blonde on Blonde qui est un peu l’équivalent américain de la suite Rubber Soul/Revolver/Sgt Pepper’s, mais en folk. Mais quelles raisons objectives, en dehors du simple effet de mode, l’ont conduit à faire ce virage, si l’on ose dire, rigoriste des années 67-69 ? Rappelons que le 29 juillet 1966, Dylan est victime d’un accident de moto.
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  • Mayall, l’abbé

    par Adehoum Arbane le 17.03.2020 Il y a deux types de psychédélisme. L’authentique, le philosophique, voire le mystique. C’est un psychédélisme de quête, de dépassement de soi, un psyché de l’introspection et parfois même de l’oubli. Le deuxième est résolument opportuniste. C’est un psychédélisme de façade ou d’apparat, peu importe. Au mieux brille-il, au pire sonne-t-il creux. C’est avant tout un psychédélisme de fonds de commerce. Difficile de situer les uns et les autres dans telle ou telle catégorie sans tomber dans le procès inquisitorial. Malgré sa pochette 100% lysergique – le lettrage, les photos superposées comme pour le Piper...
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  • Free your body !

    par Adehoum Arbane le 10.03.2020 Une main de fer dans un gant de velours. Telles sont les seventies lorsqu’elles démarrent dans un flamboiement heavy. Sous leurs capes de hippies glabres, Ian Gillian de Deep Purple et Robert Plant au sein – !!! – de Led Zep cachent de beaux diables s’époumonant alors dans les stades, nouvelle dimension de l’Entertainment conforme à leur stature. Au sens propre comme au figuré, Free s’est libéré de ces nouveaux diktats pour incarner l’exacte figure opposée : le velours sous le fer. Le quatuor a même déjoué l’idée fausse selon laquelle le rock serait viriliste. Bien qu'incarnées majoritairement...
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  • Temptations, Black Painters

    par Adehoum Arbane le 25.02.2020 La représentation des Black Panthers au cinéma est sans appel. Éructifs, violents, grossiers – du Fuck en veux-tu en voilà – et querelleurs. De Forrest Gump à BlacKkKlansman, rien n’y fait. Certes la cause qu’ils défendirent méritait un engagement plein et entier. Mais l’histoire populaire aura retenu leur tropisme belliqueux. Qu’en dit la musique de l’époque ? La soul qui déferle alors sur les ondes au début des années 60 – et qui produira de glorieux avatars dont le funk – a toujours fait dans le velours. D’ailleurs à ses débuts, la dimension politique est inexistante. Cette dernière apparaîtra néanmoins à la toute fin de la décennie
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  • Caravan, bataille de Waterloo

    par Adehoum Arbane le 18.02.2020 Toujours nous sommes sommés de choisir notre camp. Gauche ou Droite. Progressistes ou Populistes. Blondes ou brunes. Beatles ou Stones. Immédiateté ou avant-garde. Punk ou Prog. Comme tout cela est vain. Futile. Idiot. Cette injonction va par ailleurs dans le sens de la vieille querelle qui vaut au rock progressif d’être qualifié encore à ce jour de pompier, maniéré, boursoufflé. Reproche qui n’est pas totalement infondé lorsqu’on observe certains groupes, et qui plus est dans ces dernières années où le genre commençait sa lente agonie – avant de renaître la décennie suivante sous l’impulsion de formations nouvelles.
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  • Fanny ardentes et nous

    par Adehoum Arbane le 04.02.2020 On vous dit Fanny et vous pensez fort naturellement à la femme du boulanger. On mentionne Fanny Hill et vous songez tout aussi promptement au célèbre roman anglais du XVIIIème siècle mettant en scène une fille de joie repentie. À chaque fois, des portraits de femmes bien campés. Le prénom de Fanny a connu un tout autre destin, celui de l’une des premières formations rock entièrement féminines. Ce qui les rend incroyables, voire incomparables c’est l’aplomb avec lequel elles ont coché toutes les cases de la singularité et de la réussite, au sens libéral du terme, en restant plus insondables que jamais... 
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  • Heavy mettable

    par Adehoum Arbane le 14.01.2020 On a souvent tort de céder aux messages publicitaires. Non parce qu’ils sont mensongers mais par trop réducteurs. Ce qui prévaut pour une voiture ou de la lessive a malheureusement fonctionné pour le Heavy Métal souvent moqué, genre anciennement appelé Hard Rock dont le préfixe sera décliné à toutes les sauces – pour exemple le Hardcore, lui-même devenu une insulte snob. Contre toute attente, le Hard aura déjoué les interprétations les plus lacunaires. Non pas en raison de sa popularité ou de l’indéfectible fidélité de ses multiples fans, réunis en différentes chapelles. Le Hard Rock aura été noblement porté tel un...
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  • 2019, que du neuf !

    par Adehoum Arbane le 07.01.2020 Les tops annuels, c’est bien. Mais les tops anachroniques, c’est mieux. Mieux comme avant, au fond. Acceptons de bifurquer hors des sentiers battus des sorties de la pop contemporaine. Et laissons-nous avoir par le simple hasard. Ainsi, d’un clic à l’autre, il nous arrive chaque jour de découvrir un groupe inconnu ou, bien plus rare, l’album inconnu d’un artiste établi. Qui plus est lorsque l’on fouille dans cette malle aux trésors des sixties-seventies. La décennie 80 n’est pas en reste et réserve son lot d’heureuses surprises, cachées entre deux tubes mainstream. Sentiment de joie renforcé lorsque ces perles rares concernent des musiciens...
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  • Supertramp, storytelling

    par Adehoum Arbane le 17.12.2019 1978, Supertramp arrive à un stade crucial de sa carrière. Achever sa mue artistique et sortir l’album de sa vie. Celui qui restera. Le disque éternel que des générations d’auditeurs pop se passeront en boucle – puis de la main à la main. Un album à tubes, un potentiel disque d’or, voire plus, soyons fou. De manière plus prosaïque et pour servir ce but, le groupe doit comme on disait en ces temps pré-metoo pénétrer le marché américain, sésame pour la célébrité. Voilà pourquoi il a décidé depuis Crisis? What Crisis? de s’installer à Los Angeles pour y enregistrer ses disques. Et pour incarner son rêve américain à lui...
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  • VdGG, quatrième album, état second

    par Adehoum Arbane le 09.12.2019

    La meilleure façon d’éprouver la solidité d’un corps, d’une matière ou d’un objet est encore de le soumettre à un crash-test. S’il y résiste alors il pourra être commercialisé. Le principe Nietzschéen, ce qui ne nous tue pas nous rend plus fort, semble ainsi correspondre aux exigences du capitalisme industriel. Certains grands albums de la pop culture relèvent de la même approche. Parmi les groupes les plus absolutistes dans la folie, VdGG retient notre attention et plus particulièrement, s’agissant de la thèse développée ici, son quatrième opus...


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  • Arthur or the decline of The Kinks ?

    par Adehoum Arbane le 03.12.2019 On n’a pas surnommé Winston Churchill le vieux lion pour rien. Il est un peu une sorte de Victor Hugo anglais du XXème siècle tant il a habité son époque et dominé la scène politique de son pays sans partage. C’est un homme d’ambitions. Avec un "s", vous aurez noté. Voilà pourquoi on peut qualifier Arthur, le septième opus des Kinks, d’album churchillien (et pas seulement pour Mr. Churchill Says). À cette différence près et elle n’est pas mince – elle a de quoi nous tirer quelques larmes – que Arthur n’a pas dominé la scène pop de cette fin de sixties, si contrariée.
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  • Dave Mason, Macronpatible

    par Adehoum Arbane le 26.11.2019 Le macronisme n’a pas été créé, comme on aurait tort de le croire, en 2017 voire l’année précédente. Il remonte à une époque beaucoup plus lointaine, bien au-delà de la naissance dudit président auquel le terme fait référence. Cette philosophie si l’on ose dire pourrait être datée, par carbone 14, en 1977. Nous sommes alors en plein Giscardisme, le gouvernement Barre mark II succède au gouvernement Barre Mark I, comme Deep Purple huit ans auparavant. Les réformes se font au pas de charge, la France se transforme progressivement, laissant derrière elle le gaullisme ancien, devenu dès lors une valeur refuge.
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  • Nick Drake, l’au-delà

    par Adehoum Arbane le 19.11.2019 Le dépassement de soi est souvent présenté dans nos sociétés occidentales contemporaines comme une vertu cardinale. C’est le marathonien qui bat son propre record, l’alpiniste qui, bravant les pires conditions climatiques, arrive au sommet de la plus haute montagne, l’étudiant qui à force de travail décroche le sésame tant espéré du diplôme et de la première place sur le podium. Autant de clichés malgré tout véridiques, tirant leur authenticité de l’expérience de la vie. On peut dire que Nick Drake parvint à accomplir l’exploit du dépassement. Mais pas tant de lui-même, encore que. Et qui plus est dès son premier album.
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  • 10cc, seriously ?

    par Adehoum Arbane le 12.11.2019 De tous les groupes pop, 10cc est sans doute celui qui est le plus traversé par l’esprit de parodie. Il ne semble pas être le seul sur ce créneau. Déjà, durant les sixties fleurissent des groupes surfant sur la vague Beatles – Les Monkees –, ou mêlant cabaret, comique troupier et pop dans la pure tradition britannique – The Bonzo Dog Doo-Dah Band – sans même évoquer les inventions de circonstance – les Rutles, Spinal Tap. Les musiciens de 10cc ne font pas à proprement parler dans la gaudriole, ce ne sont pas les Mothers Of Invention anglais. Ils arrivent cependant à un moment de l’Histoire où tout a été quasiment écrit...
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  • Les 10 morceaux CMB

    par Adehoum Arbane le 05.11.2019 Il est de ces défis un peu stupides que l’on relève malgré tout avec une certaine jubilation. Les tops en font partie, d’autant plus quand ils explorent des aspects plus pointus et quand, cerise sur le gâteau pop, ils multiplient les contraintes absurdes. Ici, ce sont les morceaux les plus longs de l’histoire du rock (sixties) qui nous intéressent. Mais attention ! Les choses se compliquent puisque seules les créations américaines ont été prises en compte. Exit donc le prog rock anglais. Trop facile. Mieux, elles doivent entrer dans un silo d’années, de 1965 à 1968, à l’époque où les morceaux courts et nerveux avaient la faveur des groupes...
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  • Stooges, No Fun ?

    par Adehoum Arbane le 15.10.2019 On écrit souvent que le premier album des Stooges sonna le glas de l’utopie hippie. Cette analyse n’est pas fausse mais a posteriori. Elle s’inscrit dans une perception historique de la pop où les meurtres de la Manson Family et celui d’Altamont furent les étapes inéluctables menant droit à la fin de l’ère psychédélique. Rien n’est moins sûr. On peut considérer la chose différemment. En 1969, le psychédélisme hippie se mue naturellement en rock progressif estudiantin et là où les sixties incarnaient spontanéité et innocence, les seventies marquent l’avènement de l’industrie musicale – n’y voyons là rien de rebutant...
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  • Led Zep, no Stairway To Heaven

    par Adehoum Arbane le 24.09.2019 Chroniquer un album de Led Zeppelin est devenu une banalité, une facilité même. On ne sort pas de sa zone de confort. Pratique. Rassurant. Et qui plus est quand il s’agit de ce IV si prisé. Pensez, un classique, leur chef-d’œuvre ! Huit titres au compteur, que des bombes – logique pour un zeppelin inflammable –, du lourd, du massif. Il est temps cependant d’oser poser un doigt de pied en terrain miné, là où les gardiens du temple, les tenants du « C’est aussi bien de nos jours » nous attendent. Aujourd’hui, qui a fait mieux ? Qui peut se permettre de fanfaronner en exhibant ostensiblement son morceau étalon... 
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  • Pete Townshend et Ronnie sous-bois

    par Adehoum Arbane le 16.09.2019 Faut-il être sans cœur, parfois même despote, pour être leader ? On pourrait croire que c’est le cas de Pete Townshend, guitariste et compositeur principal des Who, qui prenait l’habitude de venir en studio avec des démos préenregistrées, proches de la perfection. Présenter les trois autres musiciens en faire-valoir serait injuste : Keith Moon fut le formidable batteur que l’on sait. John Entwistle, à l’image de tous les bassistes, apparaissait comme patibulaire alors qu’il était un songwriter très fin doublé d’un habile arrangeur. Quant à Daltrey, il remplissait parfaitement son office de chanteur...
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  • Alice Cooper, scare, not care

    par Adehoum Arbane le 10.09.2019 La Génération X aura vécu dans un monde plus incertain que le nôtre, pour ne pas dire plus dangereux. Imaginez l’ère post Manson ! Brett Easton Ellis en fait le récit dans le premier tiers de son essai, White. Le jeune Ellis comme la plupart des gosses de l’époque allait au cinéma sans être accompagné par un adulte, à pied de surcroit, et pour aller voir de ces films d’horreur qui faisaient les belles nuits de la pop culture alternative. Alors que de nos jours, il serait inconcevable de laisser nos enfants errer dans les solitudes urbaines qui sont le terrain des pires prédateurs. Quant aux programmes que nous leur "proposons"...
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  • Marathon Van

    par Adehoum Arbane le 03.09.2019 Si Van Morrison a débuté sa carrière au sein des Them en pourvoyeur de hits accrocheurs expédiés à vitesse grand v, sa carrière solo l’aura présenté sous un tout autre jour. Au-delà de la mystique dont il fera une chanson, c’est bien d’endurance dont il s’agit et que le chanteur expérimente dès son premier disque solo et premier chef-d’œuvre, le désormais cultissime Astral Weeks. À la manière des marathoniens, Van Morrison n’est à l’aise – mais pas seulement – que sur les morceaux longs, épiques où il donne libre cours à ses qualités d’interprète. Il perpétua cette tradition de la chanson pour coureur de fond...
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  • The Great Society, tout un programme !

    par Adehoum Arbane le 09.07.2019 En ces heures sombres où pullulent trottinettes et autres gadgets connectés, où triomphe déjà le mirage du transhumanisme, la figure du hippie – cheveux longs, pantalons pattes d’eph – demeure l’objet de tous les sarcasmes contemporains. Ringard, sale, dadais. Le hippie, cet ancêtre du punk à chien qui s’ignorait. Et pourtant ce personnage injustement caricaturé connut son moment de gloire, cristallisé au nord de la Californie entre 1966 et 1967.  Il ne faut pas s’arrêter aux fleurs dessinées sur le Magic Bus de Ken Kesey et des Merry Pranksters, encore moins sur les looks bigarrés...
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  • Pretty Things, SF Story

    par Adehoum Arbane le 25.06.2019 Si les Stones avaient été moins paresseux, moins sûrs de leur fait, moins drogués aussi, Their Satanic Majesties Request aurait été l’égal de Sgt. Pepper’s, un chef-d’œuvre absolu du psychédélisme britannique, même si celui-ci contient quelques perles. En approchant la perfection ils auraient pu sans problème aller jusqu’à l’appeler SF Sorrow. Sauf que cet album existe déjà puisqu’il a été enregistré l’année suivante, 1968 donc, par les Pretty Things, formation londonienne œuvrant dans le même registre de combo rock salement agressif. Rappelons-le, la bande à Phil May a livré, tout comme les Kinks pré-vaudeville...
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  • Bill fait pleurer

    par Adehoum Arbane le 18.06.2019 Ambassadeur de la culture portugaise, le Fado est tristement connu pour son sens du tragique. Autre époque, autre référence, tout le monde se souvient du senhor Oliveira da Figueira, personnage des aventures de Tintin capable de provoquer des torrents de larmes en inventant des histoires pas possibles où le sort se faisait un malin plaisir à s’acharner sur des protagonistes entrainés malgré eux dans un interminable toboggan de malheurs. Du Portugal solaire à l’Angleterre pluvieuse, il n’y a qu’un pas. Bien que prise dans un perpétuel étau de brouillard, Londres a su cependant déjouer les caprices météorologiques...
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