McCartney dans l’Arena

par Adehoum Arbane  le 15.01.2019  dans la catégorie Interviews & reportages de Shebam

Messie et Fils de Dieu, Jésus-Christ s’impose sans difficulté dans le top five des grandes figures historiques (et symboliques). On imagine aisément l’émotion du badaud qui, il y a deux mille ans de cela, assistait aux prêches du Sauveur. Il faut dire qu’à l’époque, la parole du Christ résonnait un peu partout en Galilée au point de transformer les foules de curieux en fidèles. À sa seule vue, on s’empressait de le toucher comme pour se dire « je l’ai connu », « j’y étais » ! Il en est de même pour Paul McCartney, dernier Beatle vivant avec Ringo Starr, véritable mythe dont l’apparente jeunesse continue d’émouvoir les fans, et au-delà. Figure pop ultime, symbole universel d’une musique qui continue d’exercer un pouvoir – et une influence – auprès de la jeune génération. 

Aller voir McCartney en concert en 2018, c’est comme aller écouter la parole du fils de Dieu : en gros, prendre rendez-vous avec l’Histoire. Bien évidemment, on aurait pu trouver de nombreuses raisons de ne pas répondre à l’appel. D’abord la salle. Capacité, 40 000 personnes. Entre Bercy et le Stade de France. Difficile d’y ressentir une forme d’intimité, d’intégrer le premier cercle des douze disciples. Le son ensuite. Malgré la facture (360 000 000 d’euros), l’acoustique souffre des dimensions pharaoniques de l’Arena. Pour autant, Macca semble à son aise, comme un poisson dans l’eau. Il ne faudrait pas oublier l’ambiance folle et le gigantisme de la tournée américaine de l’année 64. Les Fab Four se produisaient alors dans des salles qui rivalisent largement avec l’Arena. La Maccamania qui régna ce soir-là n’a d’ailleurs rien à envier à la Beatlemania de l’époque. Ces quelques réticences – anecdotiques il est vrai tant le musicien est immense – mises de côté, on est entrés en ces lieux comme dans la cathédrale Saint-Paul de Westminster – la bien nommée – lavés de toutes nos craintes, immédiatement baptisés et cernés par les chœurs radiodiffusés des Beatles et des Wings, rituel étrange de ces stades qui consiste à vous préparer avant d’entendre les divins morceaux en live. Il y avait tant à retenir ce soir-là qu’une mémoire de quadra, défaillante de surcroit, ne suffirait pas à tout emmagasiner. La Setlist d’abord, longue de trente-neuf chansons et qui fera dire à un observateur avisé qu’elle est pareille à un jukebox mais en vrai, en vivant, en géant (dans tous les sens du terme, cela va sans dire) ! Elle commença prophétiquement par A Hard Day’s Night pour finir en grandes pompes par le medley Golden Slumbers/Carry That Weight/The End. Pouvait-il en être autrement ? On passera la toute première chanson de Macca pour les Quarrymen, sympathique, attachante, mais pas bouleversante. Elle prouve cependant à quel point Paul était déjà un grand mélodiste en devenir. On conservera longtemps le souvenir de deux reprises des Beatles, Being For The Benefit Of Mr. Kite signé Lennon et Something composé par Harrison et placé à la suite – quelle élégance ! On chérira ces moments de célébrations que furent Maybe I’m Amazed, Hey Jude qui sont à la musique ce que le Taj Mahal et Notre Dame de Paris sont à l’architecture : des monuments ! Et que dire de Helter Skelter, véritable instant de pur rock’n’roll en mode néo-heavy ??? On bien failli ne pas considérer la performance du musicien au prisme de son âge ! Il fallait voir McCartney enchaîner les classiques, passer de sa basse à ses guitares – acoustique et électrique –, délivrant au passage un solo d’anthologie – sur Helter donc –, et même courir jusque derrière son piano pour jouer, avec orchestre de cuivres s’il vous plait, les symphonies pop dont il a toujours eu le secret, surtout Live and Let Die tout en feux d’artifice et autre pyrotechnie. 

Tout cela ne doit pas occulter l’occulte, l’étrange sentiment religieux, cette communion entre les générations et les nations réunies qui a étreint le cœur des fans français, anglais, allemands, jeunes et vieux et ce, de bout en bout. Parce que ces deux noms, ces deux mots, Paul et McCartney une fois ajoutés, soudés irrémédiablement, prennent une signification autre, une dimension patrimoniale. John Lennon avait raison de dire que les Beatles (étaient) sont (et seront) plus populaires que Jésus Christ. Macca est encore un cran au-dessus dans ce panthéon rêvé, convoité par tous et où peu ont déjà leur siège. Macca c’est le De Gaulle de la pop, grand et majestueux, impérial et magnanime, également Immortel Académicien de la Musique. Il fallait en prendre conscience, être là malgré tout (agenda, budget…), ne rien rater de la messe de Noël (avant Noël). Nicolas, Quentin, Charles-Baptiste, François, Roland, nous l’avons vu ! Mais non ? Messie ! 

Paul McCartney, Paris La Défense Arena (28 novembre 2018)

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Setlist :

A Hard Day’s Night (The Beatles)

Junior’s Farm (Wings)

All My Loving (The Beatles)

Letting Go (Wings)

Who Cares (McCartney)

Got To Get You Into My Life (The Beatles)

Come On To Me (McCartney)

Let Me Roll It (Wings)

I’ve Got A Feeling (The Beatles)

Let ‘Em In (Wings)

My Valentine (McCartney)

Nineteen Hundred and Eighty-Five (Wings)

Maybe I’m Amazed (McCartney)

I’ve Just Seen A Face (The Beatles)

In Spite Of All The Danger (The Quarrymen)

From Me To You (The Beatles)

Michelle (The Beatles)

Love Me Do (The Beatles)

Blackbird (The Beatles)

Here Today (McCartney)

Queenie Eye (McCartney)

Lady Madonna (The Beatles)

Eleanor Rigby (The Beatles)

Fuh You (McCartney)

Being For The Benefit Of Mr. Kite (The Beatles)

Something (The Beatles)

Ob-La-Di, Ob-La-Da (The Beatles)

Band On The Run (Wings)

Back In The USSR (The Beatles)

Let It Be (The Beatles)

Live and Let Die (Wings)

Hey Jude (The Beatles)

Rappel :

Birthday (The Beatles)

Sgt. Pepper’s Lonely Hearts Club Band (The Beatles)

Helter Skelter (The Beatles)

Golden Slumbers (The Beatles)

Carry That Weight (The Beatles)

The End (The Beatles)

 

 

 

 

 

 


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