La bande originale n’a pas toujours eu – à tort – les honneurs de la presse. Peut-être parce que celle-ci devait durablement se diviser en deux catégories, pour paraphraser Eli Wallach dans Le bon, la brute et le truand. D’un côté, les musiques de film entièrement composées par des groupes ou des compositeurs attitrés (Pink Floyd, Ennio Morricone, John Williams, François de Roubaix pour ne citer qu’eux). De l’autres, les BO enchaînant les reprises des grands tubes de l’histoire du rock et de la pop. Concourant dans la seconde catégorie, Gardians of the Galaxy : Awsome Mix Vol. 2 s’en distingue cependant et ce, pour au moins deux raisons. Comme beaucoup de réalisateurs avant lui, James Gunn a eu le bon goût de puiser dans le coffre des sixties-seventies. Il faut dire que la suite de Gardians of the Galaxy, tout comme le premier volet, demeure fortement imprégnée de culture pop. Logique, le film tire ses origines dans la BD du même nom, publiée en janvier 1969 par Stan Lee et Arnold Drake ! Le formidable vent de liberté qui souffle alors sur la jeunesse mais aussi sur la création propulse le genre du Space Opera avec des films comme Barbarella. Des années avant Star Wars, Gardians of the Galaxy campe déjà des caractères affirmés, loin des attributs souvent lisses des héros classiques. Quarante-cinq ans après, l’adaptation ciné a conservé tout le lustre que l’on retrouve bien évidemment dans la sélection des morceaux. À la différence près – et elle est énorme – que James Gunn oublie les morceaux géniaux, mythiques mais usés pour leurs préférer des singles moins connus. Ainsi, foin de Bowie, de Creedence ou de Buffalo Springfield (For What It’s Worth), mais des chansons iconiques et cultes. Si la toute première BO ajoutait aux stars (Bowie, Jackson 5) des seconds couteaux fort prestigieux (10cc, The Runaways, Norman Greenbaum, Raspberries, Redbone…), le second volume pousse les curseurs geeks encore plus loin. Certes on y trouvera My Sweet Lord de Harrison, le hit de platine Mr. Blue Sky de ELO, un peu de Parliament et même du Cheap Trick. On vibrera cependant à l’écoute de l’hymne glam signé The Sweet, le clinquant Fox on the Run. On redécouvrira Sam Cooke avec le très cool Bring It on Home to Me, moins recyclé que (What a) Wonderful World. Notre cœur sera assuré de fondre dès les premières mesures de Brandy (You're a Fine Girl) de Looking Glass ou le joliment sirupeux Wham Bam Shang-A-Lang de Silver. Tel un hommage inconscient, on écoutera Southern Nights repris par le regretté Glen Campbell, la larme à l’œil. Bien sûr, le Father and Son de Cat Stevens arrivera à point nommé pour nous rassurer, nous ramenant en terrain connu. On en aura besoin, surtout après la révélation du trio Aliotta, Haynes, Jeremiah, sorte de Crosby, Stills & Nash country pop ! Lake Shore Drive, s’il cache une habile référence au LSD comme le laisse entrevoir la pochette de leur unique Lp, emporte tout avec son piano caracolant. Par-dessus tout, le morceau semble avoir trouvé son moment de bravoure dans le film, son passage rêvé, soit la rencontre entre le père et la mère du héros, jeunes amoureux roulant sur une route américaine idéalement désertée au son de cette chanson de cristal. Il y a dans ce film d’ado assez plaisant des moments où le réalisateur donne l’impression de composer ses tableaux visuels en fonction des chansons. Prenez ce ralenti mirifique où nos héros débarquent de leur vaisseau spatial au son de The Chain de Fleetwood Mac. Mais là n’est pas tout le génie de cette sélection de titres, parfaite de bout en bout. Représenté par une K7 bien installée dans son baladeur, cet Awesome Mix, Vol. 2 est une mise en abyme des chansons que le personnage principal, Peter Quill, conserve précieusement sur lui, dans un walkman donc. Comme la preuve de son existence terrestre dans un monde galactique fantasmé où les créatures les plus extravagantes arpentent les planètes les plus folles. Du coup, la musique doit être considérée comme un personnage à part entière, un élément décisif de l’action et de la narration. Un fil rouge mélodique et dramatique. Lake Shore Drive devient, par ce tour de passe-passe, la chanson fétiche des parents de Quill. Dès lors, on passe d’un parti-pris rétro-futuriste à une métaphore de la nostalgie pure au travers de la quête du père, et de l’enfance. James Gunn frappe fort, et juste. Mieux, il marie pour le meilleur et le meilleur le cool absolu et la profondeur des émotions humaines. Quelle leçon de cinéma pour un pop-corn movie qui n’a d’autre ambition que de noblement divertir, non de s’imposer en jouant des coudes, comme chef-d’œuvre forcément prétentieux. On se prend à rêver à une suite, uniquement pour sa BO vol. 3 dont on se doute qu’elle réservera immanquablement son lot de surprises et de découvertes. Awesome !
Guardians of the Galaxy : Awesome Mix, Vol. 2 (Marvel Studios)
https://www.youtube.com/watch?v=0TqM7F11LA4
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