Entre Aline et moi, on peut le dire, c’est du sérieux. Notre relation dure depuis maintenant 3 ans. Je pense même présenter Aline à mes parents, avant les noces en grandes pompes, du genre Doc Martens richelieu bordeaux comme vous le verrez plus bas. Lorsque ma photographe et moi arrivons au Dunkerque, ce n’est pas la sous-préfecture du Nord qui nous appelle de ses vieux mais bien ce bar tout alangui sur une avenue Trudaine aussi passante que la bande. Au loin, alors que nous slalomons, géants, d’un trottoir à l’autre, j’aperçois Romain Guerret et Arnaud Pilard – respectivement le compositeur chanteur et le guitariste d’Aline – qui attendent, l’air détaché. Petite précision, nous sommes légèrement en retard mais les interviews ont cela de merveilleux qu’à l’image des concerts elles ne commencent jamais à l’heure. Arrivée en fanfare, pour casser ce qui aurait pu être un petit moment de gêne, poignées de mains chaleureuses et bises nourries. Nous nous installons, sortant l’attelage du parfait petit reporter. Tout en rembobinant le ruban magnétique de mes souvenirs et impressions, je fais le point sur le dossier Aline. À force d’écouter leurs chansons, sur disques ou en live, de les suivre, impatients et curieux, sur les réseaux sociaux, on s’attache à ces garçons pas timides pour deux sous et qui sont les meneurs d’une formation toute aussi enthousiasmante, cinq musiciens bosseurs et respectueux de l’idiome pop qu’ils géométrisent de manière euclidienne depuis Regarde le ciel. Leur nouvelle livraison est à ce propos exemplaire d’une évolution qui, si elle ne rebat pas les cartes, ouvre des voies nouvelles. C’est de cela dont nous allons parler, entre autres, avec les deux émissaires d’Aline. Cependant, il ne faudrait pas passer sous silence l’apport crucial de Jérémy Monteiro, Vincent Pedretti et Romain Leiris, chacun étant à sa manière, avec ses prégoratives, le dépositaire sur terre de l’esthétique alinienne. Nous sommes faces, bien que partiellement aujourd’hui, à un groupe qui se connaît, se comprend et où chacun a su trouver sa place. Ne doit-on pas à Jérémy Monteiro le magnifique Tristesse de la balance ? Pour l’heure – et il nous en faudra bien une pour questionner, échanger, palabrer – place aux interviewés. Déclenchons les hostilités, par dictaphone interposé !
Shebam : La vie électrique est sorti depuis presque un mois.
Romain Guerret : Oui, oui mais pas tout à fait.
Arnaud Pilard : Non moins, trois semaines. 28 août.
Romain Guerret : Ne chipotons pas.
Shebam : Le courant est-il en train de passer avec le public, vos fans d’hier – évidemment – et ceux d’aujourd’hui ?
Arnaud Pilard : Oui ! On est même agréablement surpris. Il y a des gens qui ne connaissaient pas le premier album et qui l’ont découvert par cet album-là. Ou des gens qui n’aimaient pas le premier et qui préfèrent celui-là. L’accueil est super en fait !
Shebam : Quand on se penche sur les titres de vos deux albums, on a l’impression qu’ils sont le miroir de vos aspirations et ambitions du moment. Regarde le ciel par sa fraîcheur sonnait comme un hymne à l’insouciance. La vie électrique a tout du manifeste. Y’a t-il du vrai dans cette théorie ?
Romain Guerret : Je ne parlerais pas vraiment de manifeste. Regarde le ciel était quelque chose de plus spontané qui est venu rapidement, recraché comme ça et dans une période qui n’était pas simple pour moi. C’était un peu l’espoir au bout du tunnel. C’est toujours un peu ça, Aline : il y a toujours une lumière au bout du tunnel. Ce n’était pas franchement l’insouciance… C’était la perte d’insouciance, plutôt ! Regarde le ciel, la chanson sur l’album, était une chanson sur le suicide, tu vois. Le premier album n’était pas quelque chose de très drôle malgré tout. Et là, c’est plus sombre et moins frontalement autobiographique. L’album parle de quelqu’un qui regarde le monde et la vie, une existence qui n’est pas très marrante. Ce n’est pas vraiment un manifeste. Les chansons peuvent être prises séparément, en plus. C’est une autre couleur. C’est plus sombre, plus nocturne, plus urbain aussi.
Shebam : À ce propos, on dit souvent à propos de la France de 2015 qu’elle est décliniste et pourtant, La vie électrique, dans sa musicalité, son élan, son énergie, prouve le contraire. Aline, groupe engagé ou tout simplement enragé ?
Romain Guerret : Dégagé, je dirais.
Arnaud Pilard : Ouais, plus dégagé, c’est pas mal !
Romain Guerret : Nan, il y a un côté plus contemplatif et toujours mélancolique. C’est une position comme ça de spectateur, en fait. Spectateur de ma vie, de la vie en général. Donc c’est plutôt un gars qui observe, qui regarde les gens. Nan, ce n’est vraiment pas engagé. J’ai zéro conviction. Les gens qui ont des convictions m’effraient. Alors enragé, oui, parce qu’il y a une sorte de frustration. Et la frustration peut mener à une explosion. C’est un peu l’explosion de Promis, juré, craché. Un truc retenu et puis tout d’un coup, paf, ça explose quoi.
Shebam : Je ne disais pas du tout ça par rapport à Lalanne qui a sorti…
Romain Guerret : Son chef-d’œuvre !
Shebam : Voilà, ce chef-d’œuvre qui a suscité la moquerie…
Arnaud Pilard : Je ne l’ai pas écouté.
Romain Guerret : Bah il faut l’écouter quand même.
Arnaud Pilard : Je ne sais pas, j’ai voulu, mais mon réseau ramait…
Romain Guerret : Si ! Un morceau comme le Diable est ailleurs : c’est une sorte de réflexion sur le retour du religieux. On pensait qu’on en était débarrassé, que tout ça c’était derrière nous et puis paf, ça nous est revenu dans la gueule…
Arnaud Pilard : À plein tube, quoi !
Romain Guerret : Alors, y’a eu les Civitas, puis il y a deux, trois ans les tarés catholiques avec le mariage pour tous. Il y a maintenant les tarés barbus qui font chier la planète entière, tu vois. Il y a un moment donné où je préférerais plus le diable que dieu. Où il est le diable, qu’est-ce qu’il fait ? Ça m’a profondément gonflé, ce retour du religieux. Il y a quelques morceaux, quelques bribes qui parlent de la société de manière toujours détournée. Ce n’est pas frontal.
Shebam : Pour rester dans la symbolique, les titres des chansons ont tous une coloration graphique, dans leur énonciation même. Je repense à ce que disait Arnaud sur Facebook, si cela s’était appelé la tristesse du Capricorne…
Arnaud Pilard : Nan, du bélier (rires) !
Shebam : Cela fait-il partie des derniers partis-pris esthétiques du groupe ? De tendre vers cette dimension colorielle des titres ?
Romain Guerret : Bah, les titres c’est hyper important ! Souvent, je pars du titre. Je trouve la formule. C’est comme un gimmick, quelque chose qui va faire dérouler le texte. Il y a toujours une idée derrière, évidemment. Je bois et puis je danse, ça partait du titre.
Arnaud Pilard : À chaque fois, c’est un peu le pitch du morceau.
Romain Guerret : Et après, j’y mets ce que j’ai envie d’y mettre. Oui, il y a un côté graphique, esthétisant, parce qu’on a quand même une charte, niveau sonore, qui est assez cadrée. Il y a un côté un peu designé, entre guillemets. C’est important, je trouve.
Shebam : Même dans l’artwork, je pense au pressage vinyle. Avec les disques blancs et leurs rondelles jaune et bleue.
Romain Guerret : Bah ouais c’est bien d’avoir ça.
Arnaud Pilard : Ça se tient. C’est racé dans le son, c’est racé dans l’esthétique.
Romain Guerret : Ouais ! Maintenant, tous les gens qui sortent des disques font vachement gaffe à l’image. Même ceux qui font semblant de s’en foutre. C’est travaillé.
Arnaud Pilard : C’est aussi un parti-pris de faire ça.
Shebam : Le morceau titre montre Aline sous un jour plus polisson, voire érotique.
Romain Guerret : J’aime bien le mot polisson !
Shebam : Le clip d’ailleurs prolonge avec humour cette impression. Vous aviez envie de vous lâcher, d’aller plus loin, de repousser les limites ?
Arnaud Pilard : C’est un peu, entre guillemets, le morceau léger de l’album, à prendre au premier degré. Il n’y a pas deux degrés de lecture.
Romain Guerret : C’est un morceau purement hédoniste. Il y a longtemps que je voulais faire un morceau érotique, sexy. C’est un exercice de style que j’aime beaucoup. J’aime bien me colleter des défis comme ça. Là, j’ai trouvé mais ce n’est pas évident. Faut pas tomber dans la vulgarité, faut pas faire du pastiche de Gainsbourg, parce qu’il était très fort là-dedans. C’est intéressant à faire. Il faut rester toujours un peu, j’allais dire, poétique mais en même temps sexy. Dans les termes, les mots utilisés, les images, je trouve que c’est assez réussi…
Arnaud Pilard : C’est un peu la suite de Je bois et puis je danse, quelque part…
Shebam : Mais dans un mode un peu plus triomphant.
Arnaud Pilard : Oui, c’est une fin qui est un peu plus sympa.
Romain Guerret : C’est clairement une ode à l’amour physique, au lâcher-prise, un esprit « faisons ce que nous avons à faire avant que le jour se lève », quoi. C’est la nuit aussi. La nuit, tout est permis, quelque part. Et puis, ne pensons pas à demain.
Shebam : Sur ce deuxième opus, jusqu’où est allé Stephen Street et où s’est-il arrêté ?
Arnaud Pilard : Stephen Street, sa politique, ce n’est pas de transformer un groupe. Il veut prendre l’essence même du groupe et essayer de le magnifier. Il n’a pas voulu chercher à nous faire sonner autrement qu’Aline. Les pré-prods et les démos qu’on avait ressemblent assez près à ce qu’il a fait, lui. Après, le son est plus cossu, c’est plus fat, plus anglais. Il a voulu qu’on enregistre avec nos propres effets. Il n’a pas voulu révolutionner Aline, nous faire sonner à la Blur ou à la Smiths. Non, il a vraiment tiré l’essence du groupe.
Shebam : Et les séances de travail un peu marathons…
Romain Guerret : Treize titres en dix jours…
Arnaud Pilard : … C’est un challenge !
Romain Guerret : Donc, c’est enregistré live. L’album sonne assez live malgré tout. C’est nous qui jouons. Il y a très peu de re-re, de post-prod. On avait beaucoup répété quand même. On flippait de passer pour des guignols, on ne pouvait pas se permettre de planter dix jours de studio…
Arnaud Pilard : … Surtout devant Stephen Street !
Romain Guerret : Donc, on avait bien bossé. Et ça s’est super bien passé. Parce qu’il est très rigoureux, tout était très cadré.
Arnaud Pilard : Et c’était en même temps très sympa. Il n’y a pas eu la moindre tension…
Romain Guerret : … Et pas le temps malheureusement d’aller chercher des trucs pour expérimenter.
Arnaud Pilard : Un peu !
Romain Guerret : Oui, toujours un petit peu mais dix jours c’est court. Faut arriver avec une pré-prod quasi finie. Il a fait beaucoup de rec, il a installé des micros, donné quelques trucs. Il nous a fait changer un refrain ou un pont, je ne sais plus, il a rajouté des congas par-ci, par-là.
Arnaud Pilard : Le gros des arrangements était déjà là.
Romain Guerret : Encore, une fois, on n’avait pas le temps. Peut-être que si on était restés un mois avec lui, on aurait cherché des choses. Il aurait peut-être apporté d’autres choses. Mais il aimait beaucoup les démos comme ça. On a même utilisé des bouts de démos de home studio !
Arnaud Pilard : Il y a des trucs que tu as faits dans un premier jet que tu auras du mal à refaire. C’est mieux de les garder. Surtout si ça marche.
Shebam : Au-delà des ambiances nouvelles que l’on découvre sur Plus noir encore, on a l’impression que le son Aline s’est densifié, bref que le groupe a aussi et surtout muri ?
Arnaud Pilard : Oui, je pense. On a pris confiance en nous, surtout.
Romain Guerret : On joue mieux, déjà. On peut jouer des choses un peu plus compliquées même si ça reste quand même de la pop : c’est simple. On est plus à l’aise dans des breaks, des cassures de rythme. Parce qu’on maîtrise tout simplement mieux nos instruments. Puis on joue en groupe depuis un moment maintenant. On se connaît bien. On a passé un cap en terme technique, je trouve.
Arnaud Pilard : On a fait un an et demi de tournée, ça forge.
Romain Guerret : Et puis les compostions, on les voulait un peu plus, pas alambiquées, mais peut-être surprendre à des moments.
Arnaud Pilard : Les morceaux sont plus longs aussi.
Romain Guerret : Les morceaux sont plus longs…
Une série de bruits de klaxon interrompent le fil de notre discussion.
Romain Guerret : Salauds !
Arnaud Pilard : Enfoirés !
Romain Guerret : … Oui, après sans tomber dans de l’expérimentation un peu sauvage. Je ne sais pas si on a muri. Techniquement, oui.
Shebam : Les médias traditionnels – je pense à cette séquence sur France 2 –, quand ils chroniquent votre album, ont l’air de penser que vous êtes des ados ? Est-ce par paresse, par méconnaissance ou parce qu’Aline conserve, malgré tout, sa charge symbolique juvénile ?
Arnaud Pilard : Tu parles de Télématin ?
Shebam : Ouais !
Romain Guerret : Oh, y’a qu’eux.
Arnaud Pilard : Il n’y a qu’eux et je pense que c’est clairement par paresse et méconnaissance. Parce qu’ils n’ont pas analysé le dossier plus que ça.
Romain Guerret : Ouais, puis Télématin, c’est une toute petite chronique. Le mec, il veut passer le truc donc il y va. Y’a William Leymergie qui est un taré…
Arnaud Pilard : … Qui a l’air d’en avoir rien à foutre…
Romain Guerret : … Qui s’en bat les couilles. Donc c’est pas facile pour ce mec : il faut qu’il aille à l’essentiel. Mais sinon, les gens qui ne nous ont jamais vus sont peut-être surpris de nous voir plus proches de 40 que de 20 ans. Parce que c’est de la pop. Normalement, la pop tu fais ça quand t’as 18-20 ans.
Arnaud Pilard : On est un peu un ovni dans le paysage musical.
Romain Guerret : Bon, on le dit maintenant. Beaucoup de questions reviennent sur notre âge.
Arnaud Pilard : On l’assume plus que sur le premier.
Romain Guerret : Bah, sur le premier, y’avait un truc plus juvénile, et y compris dans les thématiques. C’est vrai que cela pouvait créer un schisme. Là, l’album est un peu plus adulte, on va dire. C’est horrible à dire, même dans les thématiques, dans ma façon de chanter. Il y a du talk-over…
Arnaud Pilard : Tu chantes plus, en général.
Romain Guerret : Ouais mais c’est moins en l’air, moins à bout de souffle, moins jeté, j’ai l’impression. C’est un petit plus posé au niveau du chant.
Arnaud Pilard : La tonalité joue vachement.
Shebam : Et là, ça vous fait quoi ces groupes qui se mettent subitement à chanter en français ? Y’a t-il eu un effet « Aline » ?
Arnaud Pilard : Je pense qu’il y a eu un effet french pop, à un moment donné. Je n’ai pas l’impression qu’il y en a tant que ça en ce moment. Y’en a mais…
Romain Guerret : Ils vont peut-être revenir à l’anglais, je ne sais pas.
Arnaud Pilard : Ça s’est un peu calmé, j’ai l’impression.
Romain Guerret : Je t’avouerai que je ne suis pas trop l’actualité musicale mais, ouais, ça a été le cas ces deux, trois dernières années. Tu prends des nanas comme Izia…
Arnaud Pilard : Ouais.
Romain Guerret : … Qui s’est mise à chanter en français. Si, y’en a plein.
Arnaud Pilard : Y’en a qui se sont raccrochés aux wagons.
Romain Guerret : Ça c’est sûr ! Je trouve que c’est bien mais il faut que cela soit fait pour les bonnes raisons, quoi.
Arnaud Pilard : Pas de manière artificielle, marketing comme Izia.
Romain Guerret : Maintenant, y’a beaucoup d’artistes ou de musiciens qui le font, tu sens que c’est sous pression de leur maison de disques. Parce que c’est devenu un phénomène de mode. Est-ce que cela va durer ? Non, parce que la mode ne dure jamais, par définition.
Shebam : Alors que tu disais, quand on s’était vus la première fois, que ça a toujours existé, les groupes de pop français.
Romain Guerret : Oui, ça ne s’est plus fait pendant 10 ans. Fin 90-2000, les gens se sont mis à chanter en anglais : Tahiti 80… Qu’est-ce qu’il y avait comme groupes ? Il y en a eu plein, des espèces de clones de groupes new-yorkais, les baby-rockers. Mais c’est une petite parenthèse. Les jeunes maintenant, ils veulent toucher l’international. Ils ont peut-être raison de vouloir exporter leur musique : c’est la mondialisation, tout simplement, au final.
Shebam : Et on revient à cette esthétique, à cette culture, à une certaine pop exigeante, chantée en français.
Romain Guerret : Ouais mais ça ne peut pas intéresser le monde entier. D’un côté, on va être un peu cantonnés à jouer en France pour un public français : c’est un peu dommage.
Arnaud Pilard : Ou dans les pays francophones.
Romain Guerret : Il y a une espèce d’uniformisation du monde et donc de la langue. Et peut-être peut-on dire que dans vingt, trente ans, tout le monde parlera anglais, tu vois. Tout s’uniformise, il faut trouver des troncs communs à toute l’humanité. Nous, on est peut-être Astérix, le dernier village gaulois.
Shebam : Les irréductibles !
Romain Guerret : Y’a pas d’idéologie derrière. C’est pas "vive la chanson française". C’est comme ça. On ne pas faire autrement.
Arnaud Pilard : C’est plus naturel de chanter dans notre langue. Il n’y a pas de filtre, c’est moins fake.
Shebam : Et avec PIAS, comment se passe les choses ? Les labels indé de taille intermédiaire sont-ils l’avenir ?
Arnaud Pilard : Nous, ça nous collait bien. Ça reste un label à taille familiale qui ne nous emmerde pas au niveau artistique, qui nous comprend et avec qui on s’entend très bien. Ils sont heureux de bosser avec nous, et nous avec eux ! Donc tout va bien dans le meilleur des mondes, j’ai envie de dire. On aurait été emmerdés en major. On a été approchés par des majors.
Shebam : C’est vrai ?
Arnaud Pilard : Ouais, on avait le choix en gros entre…
Romain Guerret : … Des labels affiliés « major ».
Arnaud Pilard : Des faux labels indépendants qui sont affiliés genre à Sony. On avait le choix entre signer avec ça ou avec PIAS. Et on est allés chez PIAS. Je pense qu’on a fait le bon choix.
Romain Guerret : Oui c’est un peu la même famille, on s’est bien entendus tout de suite, même sur le choix du réal’. Ils étaient à fond là dessus parce que c’était quand même…
Arnaud Pilard : … C’était un fantasme pour eux aussi !
Romain Guerret : Ouais c’était un rêve de gosse. Ils étaient complètement fous de rencontrer Street ! C’est des bonnes raisons et une bonne façon d’envisager la musique, de faire ça avec un peu de naïveté.
Arnaud Pilard : Il y a quand même nettement plus de moyens que sur le premier. La promo, c’est plus confort. C’est con mais c’est important. On dort dans des hôtels, on prend des taxis, on ne porte pas notre guitare dans le métro. C’est un peu plus peace.
Shebam : Et du coup, vous avez peut-être plus de passages en radio ?
Romain Guerret : C’est difficile, la radio. C’est un point clé, surtout les grosses radios mainstream. C’est même la clé pour aller plus loin. Arriver à faire des diff’ sur NRJ, Virgin ou RTL qui sont les trois radios les plus écoutées, c’est déjà presque gagné. Ton album, tu es sûr que tu vas en vendre un paquet…
Arnaud Pilard : Tu vas tourner à mort…
Romain Guerret : Ça va intéresser les gros médias. Là on a du mal à placer un single en radio (depuis, Aine est passé sur Europe 1, NDLR). Mais c’est tout le monde, ce n’est pas qu’Aline.
Arnaud Pilard : C’est hyper dur !
Romain Guerret : C’est difficile ! Les mecs (les programmateurs, NDLR), c’est un peu les rois, le sommet de la chaîne. Ils font ce qu’ils veulent, ils voient passer Nègre, tous les gars d’Universal qui disent « Passez moi ça s’il vous plait ». Donc, on va voir.
Arnaud Pilard : Après niveau promo, on a eu des trucs qu’on n’a pas eu sur le premier : plus de télé, des radios différentes. Tu sens que derrière le label, il y a une machine un peu plus cossue.
Romain Guerret : Mais il nous faudrait un single en radio ! Je bois et puis je danse était passée sur Virgin, cinq ou six cent fois. Et nous on ne fait pas de la musique pour qu’il y ait deux personnes qui l’écoutent. Tant qu’à faire, autant proposer de la qualité au plus grand nombre.
Shebam : Exactement ! Revenons aux morceaux. Sur le premier album, les textes semblaient plus autobiographiques. Sur La vie électrique on ressent une recherche toute à la fois thématique et littéraire. Dites m’en plus ?
Romain Guerret : Littéraire, je ne sais pas. Moi je ne savais pas trop ce que j’allais raconter sur le deuxième album. C’était un petit peu ma crainte parce qu’il ne s’était pas passé des choses très signifiantes, entre la fin de la tournée du premier album et l’écriture du deuxième. Le premier c’était simple : je racontais dix, vingt ans de ma vie. C’était moi adolescent. Je m’étais remis dans la peau du mec que j’étais à 16, 17 ans, tu vois. Et puis c’était aussi le fait d’essayer de créer le groupe de pop un peu parfait. C’était aussi un peu scénarisé et au final assez conceptualisé. Il y avait les images, j’avais une biographie ! J’avais imaginé ce groupe-là comme un film. Au départ, on avait des t-shirt à rayures. Donc c’était ça, plus faire passer un fond très personnel et parler de soucis du moment, une espèce de désenchantement total. Et là, ça a été très vite. Les chansons, je les écrivais très rapidement. Après c’est l’angoisse de la page blanche pour le deuxième puis c’est revenu assez vite. Je ne sais pas vraiment d’où ça vient.
Shebam : Par exemple, Avenue des armées.
Romain Guerret : Avenue des armées, c’est une encore une chanson d’amour : deux personnes qui ne peuvent pas vivre leur amour – enfin leur aventure – comme ils le voudraient. Ça parle aussi de moi, tout est autobiographique dans le deuxième album ! Mais j’ai planté des décors différents, je me suis mis dans la peau de personnages, j’ai écrit différemment, ce n’est pas toujours le « je ». Je me suis mis dans la peau d’une femme dans Les mains vides. Parce que je ne voulais pas que cela soit frontalement autobiographique. Je n’ai vraiment pas d’imagination pour écrire sur des tas de sujets autres que moi-même. Je trouve que cela peut devenir un peu lassant les gens qui disent « je, je, je, je, je ». Tout à la première personne ! L’idée c’est de parler de moi mais de façon plus scénarisée, plus mise en scène : des rôles de composition. Un acteur doit faire des rôles de composition mais va mettre toujours beaucoup de lui-même. Donc c’est un peu ça dans l’idée, une histoire d’amour malheureuse. Au lieu de faire Elle m’oubliera, on va faire Avenue des armées : on va planter un cadre, pourquoi pas la première guerre mondiale. C’est des images. Avenue des armées, moi j’imagine… C’est une avenue qui n’existe pas de toute façon ! C’était vraiment l’idée de planter des décors, quoi.
Shebam : Détail surprenant, non seulement l’édition vinyle comporte des titres supplémentaires mais ces derniers se sont insérés dans la tracklist au point de légèrement transformer la perception de La vie électrique, par rapport à la version CD. Pourquoi ?
Romain Guerret : Parce que ça faisait trop de titres pour le CD, déjà. On avait peur que cela soit un peu indigeste. Ces titres on les aimait bien, on les avait enregistrés donc on voulait les placer. Ça permettait aussi aux gens qui achetaient le vinyle d’avoir un bonus.
Shebam : Oui mais ce n’est pas présenté comme des bonus tracks…
Arnaud Pilard : Oui, comme s’ils étaient insérés à la suite des chansons…
Shebam : Oui, comme si, je ne sais pas moi, mais on voulait conserver un fil, une logique…
Romain Guerret : Non mais là c’est un peu décevant mais c’est pragmatique. C’est à dire qu’avec les vinyles tu ne peux pas mettre…
Arnaud Pilard : Il y a des contraintes techniques…
Romain Guerret : … De longueur…
Arnaud Pilard : De durée de face.
Romain Guerret : Et donc les morceaux que l’on a réinsérés dans le vinyle l’ont été de par ces contraintes techniques. Ce n’est pas vraiment réfléchi artistiquement ou esthétiquement.
Arnaud Pilard : Ce n’est pas un calcul.
Shebam : Au-delà des références que l’on cite parfois mécaniquement en écoutant vos chansons – Daho, Jacno, Chamfort –, le mérite d’Aline n’est-il pas d’avoir montré que, comme chez Dark Vador, il y avait du bon dans la pop des années 80 ?
Arnaud Pilard : (rires) Merde !
Romain Guerret : Ouais, on est souvent affiliés aux années 80. Bon, on ne peut pas le nier, on ne peut pas le refuser mais ce n’est pas un étendard. Et ce n’est pas non plus un parti-pris esthétique fort dès le départ. On ne s’est jamais dit « tiens on va faire de la musique des années 80 ». On n’est pas un groupe revivaliste, on ne veut pas faire du vintage. On est plutôt dans la composition classique : c’est du classicisme. Moi je trouve que plus que le son des années 80 qu’il peut y avoir – les chorus sur les guitares, les synthés –, c’est surtout la façon de proposer les chansons, de les composer qui prime.
Arnaud Pilard : C’est le format de la chanson !
Romain Guerret : Le format de la chanson. Une façon qui ne se fait plus aujourd’hui, qui n’intéresse plus vraiment les gens quand ils composent. Parce que les années 80 elles sont partout maintenant. Même dans le R’n’B, des choses qui paraissent très modernes, très contemporaines, très franchement c’est des sons années 80 boostés, quoi, avec des couleurs un petit peu différentes. Mais les années 80 c’est large, ça va du post punk jusqu’à Madchester. Il y a Duran Duran, Les garçons coiffeurs, des truc plus synthétiques comme Depeche Mode, New Order et puis il y a les Pastels. Il y a tout un courant pour le coup un peu revivaliste. Il y a aussi un grand revival années 50. C’est tellement large que ça va même au hardcore américain. Les gens ne se rendent pas compte. Pour eux, les années 80 c’est…
Arnaud Pilard : Tenue de soirée…
Romain Guerret : Tenue de soirée, Depeche Mode, Étienne Daho. Ils n’ont retenu que ça, tu sais, les quadruples compiles qu’ils mettent à Noël lors des réveillons. Ouais on va danser sur Les démons de minuit.
Arnaud Pilard : C’est assez français.
Romain Guerret : Les années 80 ce n’est pas qu’Indochine !
Arnaud Pilard : C’est assez français comme analyse. Je ne suis pas sur que les anglais aient la même vision.
Romain Guerret : Moi, j’espère qu’on fait quelque chose d’assez intemporel au final. J’espère que ce n’est pas trop daté non plus, tu vois. En tout cas ce n’est pas une volonté.
Shebam : Par exemple, Tristesse de la balance est un morceau intéressant. Sa ligne de synthétiseur ne fait pas resurgir des images du passé…
Romain Guerret : Après ce n’est pas grave d’être nostalgique. C’est un peu vu comme une tare maintenant. Faut pas être nostalgique. Mais j’t’emmerde, je suis nostalgique si j’ai envie de l’être, si c’est ma nature profonde. Puis on met les sons qu’on aime, les sons de caisse claire, des choses avec lesquelles on a grandies. C’est difficile de s’en détacher. Une certaine façon de faire. Ce n’est pas quelque chose qu’on nie complètement et qu’on réfute mais ce n’est pas que cela.
Arnaud Pilard : Je pense que c’est vachement l’association chant en français et sons de boîte à rythmes et de synthés qui fait qu’on est assimilés à ça…
Romain Guerret : Un côté un peu froid aussi.
Shebam : Après, n’y a-t-il pas une angoisse plus profonde qu’on soit rock critique ou fan ? On se dit les années 60 c’est la pop, le psychédélisme, les années 70 le rock progressif, la country, le punk, les années 80 la pop synthétique, les années 90 le grunge et le hip-hop…
Romain Guerret : Oui c’est vrai.
Shebam : Et puis on se dit les années 2000-2010-2015, c’est quoi ? On est dans un contexte, entre guillemets, très identitaire. N’y a-t-il pas aussi cette question qui taraude le monde musical, de ne pas voir le son au sens de l’effet de mode, l’effet de manche qui va faire qu’un morceau va être téléchargé par millions mais comme un marqueur. Au fond, quelle est la couleur, l’identité de…
Romain Guerret : De la musique des années 2000 ? Ben, justement, il n’y en a pas.
Shebam : Est-ce une sorte de synthèse ?
Romain Guerret : C’est une synthèse de soixante ans de musique pop ! C’est très large, cela va du rock au hip-hop en passant par la techno. Moi c’est ce que j’appelle la pop en général. Tout ce qui n’est pas du jazz, de la musique folklorique ou de la musique classique. Donc là on est à soixante ans et plus de culture populaire, de culture bis, de… Comment on appelle ça ? De culture jeune. C’est l’invention de l’adolescence par les Etats-Unis, dès l’après guerre.
Arnaud Pilard : C’est une relecture.
Romain Guerret : Tout a été fait quasiment. Donc maintenant tout le monde pioche dans ce corpus, tout le monde va chercher un son, un style vestimentaire. Beaucoup d’entre eux vont chercher des musiques de niche, des choses qui n’étaient pas vraiment connues dans les années soixante, soixante-dix. On ressort des courants underground ! C’est une espèce de gloubi-boulga de ce qui s’est fait pendant soixante ans. Je ne suis pas sûr qu’on avance réellement dans les années 2000. Après l’avènement de la techno, de l’acid-house, la house music, rien ne s’est créé. C’est aussi à cause des évolutions technologiques. L’invention de l’électricité sur la guitare ça t’amène au rock’n’roll, l’invention du sampler, ça t’amène le hip-hop, l’arrivée des boîtes à rythmes et des synthés, ça t’amène Depeche Mode et tout le courant synthétique. Donc c’est toujours lié à une invention, une évolution technologique. Mais franchement, depuis les années 2000, bien que les ordinateurs aient tout démultiplié dans leur puissance, je trouve qu’au final ça n’a pas changé grand-chose à la création. Quand tu prends un sampler Akai s900 d’il y a vingt ans ou une guitare électrique, là par exemple il y a une évolution de dingue. Tu ne peux pas faire avec une guitare ce que tu fais avec un sampler. Le sampler ouvrait sur un monde totalement dingue, ce qui a apporté une nouvelle musique. Et alors là en 2000, c’est quoi les évolutions technologiques ? Il n’y en a pas, vraiment ! Entre Windows 95 et un iPad, c’est deux choses complètement différentes…
Shebam : On a l’impression que c’est plus une façon d’envisager la musique que la musique à proprement parler.
Arnaud Pilard : Je pense que l’avènement de la musique électronique a modifié certaines choses. Les gens sont habitués à la culture du remix. C’est pour ça qu’on arrive à cette espèce de gloubi-boulga, avec des mélanges improbables.
Romain Guerret : Il n’y a plus vraiment de courants racés, complètement nouveaux. Il n’y a plus d’avant-garde. Je ne sais pas où est l’avant-garde ? Et ça m’a toujours intéressé, l’avant-garde. Chez Aline, cela ne se voit peut-être pas, mais il y a d’autres projets, d’autres choses que j’ai pu faire ou que l’on a faits et qui étaient quand même mus par l’idée de rechercher des formes. Parce que c’était encore le champ des possibles avant l’an 2000. Mais l’an 2000 a tout cassé. Il n’y a plus de futur possible depuis l’an 2000, à mon avis. C’est ma petite théorie de comptoir. C’est à dire que le bug de l’an 2000 a réellement existé parce qu’on n’a plus de futur datable. Quand il n’y a plus de futur datable, tu n’as plus d’échéance, tu ne peux plus rêver, imaginer. Moi l’an 3000 ça ne me fait pas rêver, on ne connaîtra jamais ça.
Arnaud Pilard : C’est trop loin.
Romain Guerret : l’an 2100 ce n’est pas une date symbolique. On n’a plus de datation franche et…
Arnaud Pilard : … Proche de nous !
Romain Guerret : Donc je pense que, psychologiquement, les gens ça les angoisse. C’est espèce de non zone où l’on ne sait pas dater le futur. Et pour l’être humain je pense que c’est très gênant. Alors voilà, l’avant-garde elle est où dans la musique ?
Arnaud Pilard : Je sais pas si elle encore dans la musique ! Peut-être dans les jeux-vidéos…
Romain Guerret : Dans l’art contemporain, dans l’art en général, elle est où ?
Shebam : Mais l’art contemporain pourrait être une relecture, un grand sample de tout ce qui se faisait avant.
Romain Guerret : Ouais mais ça on le fait depuis fin 90-2000, je veux dire. Ce n’est pas un truc nouveau, tu vois. Moi la techno, la musique électronique, tout ce que j’entends maintenant – parce que tout est quasiment électrique, avec beaucoup d’électronique –, je n’entends rien de marquant, de frappant. Ce n’est qu’une relecture.
Arnaud Pilard : Il y a eu le dubstep qui a amené quelque chose.
Romain Guerret : Oui mais le dubstep, c’est une resucée du drum and bass.
Arnaud Pilard : Nan, pas le wobble, ça a amené une nouvelle manière de faire les choses. Je ne suis pas d’accord avec toi.
Romain Guerret : Je ne trouve pas cela révolutionnaire pour autant.
Arnaud Pilard : C’est le seul mouvement qui pour moi a changé un peu les choses. Après c’est un peu fatiguant.
Romain Guerret : Et après, quand tu fais ce constat là, tu te dis : autant que je donne dans le classicisme et que je fasse de belles chansons, qu’on pourra écouter dans 40 ans.
Shebam : Ou en 2100 !
Romain Guerret : Ou en 2100 et se dire, ah merde, c’est quand même une belle chanson. Est-ce que je peux la chanter ? Les paroles me touchent.
Arnaud Pilard : Si les gens écoutent encore de la musique en 2100.
Romain Guerret : J’en suis arrivé là. Puisque l’avant-garde n’est plus possible, puisqu’il n’y a plus de futur datable, essayons de faire du classicisme. Dans l’histoire de l’art, il y a toujours des périodes de retour, soit à des choses qui s’étaient faites il y a très longtemps : la Grèce antique était la grande mode sous Napoléon, les coiffures des femmes, toute la philosophie qui allait avec. Il y a toujours comme ça des moments où on avance – action, réaction – et des périodes de classicisme où c’est hyper intéressant. Moi j’aimerais bien qu’il y ait une avant-garde, quelque chose qui promette de réenchanter le futur.
Shebam : Pour vous, j’ai changé ma question rituelle. Romain, est-ce que succès c’est tromper ?
Romain Guerret : AHAH… Par rapport à sucer, c’est bien.
(Arnaud rit, NDLR)
Romain Guerret : Bravo pour la question ! Alors, est-ce que succès c’est tromper ? Non ! Je pense qu’il faut enlever cette vieille idée que dès qu’un groupe commence à avoir du succès, il est vendu au grand capital, il a perdu son âme. Au contraire, je pense qu’il faut arriver à avoir le plus de succès possible tout en étant intègre.
Arnaud Pilard : Il n’y a pas de honte à faire un tube.
Romain Guerret : Il n’y a pas du tout de honte ! Au contraire on adore les tubes.
Arnaud Pilard : Il y a un vrai truc intègre. C’est hyper dur, c’est ce qu’il y a de plus dur.
Romain Guerret : Tu vois c’est agréable quand plein de gens reprennent Je bois et puis je danse ou La vie électrique en concert, des enfants, des mamans, des gens qui n’écoutent pas vraiment de musique, qui écoutent NRJ toute la journée et quelque part, oui, cela fait plaisir. Tu proposes quand même quelque chose d’intransigeant, de qualité et ça marche.
Arnaud Pilard : Moi j’ai envie que les gens chantent Aline sous leur douche, dans leur cuisine…
Romain Guerret : Regarde les Beatles ! Le succès qu’ils ont eu ! Ce n’est pas parce que tu es dans l’underground, que tu t’adresses à trois personnes que tu es un génie, que ta musique est bonne.
Arnaud Pilard : Il y a des gens vachement moins intègres dans l’underground que dans le mainstream.
Romain Guerret : L’underground cela ne veut absolument plus rien dire, la musique indé aussi.
Arnaud Pilard : Ils veulent tous faire des syncros. À un moment donné, il faut être raccord avec ce que tu veux.
Romain Guerret : Nan je crois qu’il faut être cohérent, qu’il ne faut pas se voiler la face. Les stars, les vedettes, ça me faisait rêver quand j’étais gamin. Elvis Presley qui joue de la guitare devant des foules en furie. Ça vient de là. Non, succès n’est pas tromper.
Shebam : Arnaud, on dit souvent voir Venise et mourir. Et voir Denise ?
Arnaud Pilard : Putain, qu’est-ce que je vais répondre à ça ?! Voir Denise et courir.
Shebam : Très bien !
Romain Guerret : Y’a « Laisse les mongols à Denise ».
Shebam : On inverse les rôles. Romain, pose une question à Arnaud qui m’en posera une après ?
Arnaud Pilard : Meeerde (rires) !
Romain Guerret : On a le droit d’avoir une question un peu hard ?
Arnaud Pilard : Fais gaffe à la question que tu vas me poser !
Romain Guerret : Si tu n’avais pas été guitariste d’Aline, qu’aurais-tu fait ? T’en serais où, là en ce moment ?
Arnaud Pilard : Euh, putain bonne question ! Sûrement dans la musique électronique parce que cela fait partie de l’une de mes facettes. Je continue à en faire.
Shebam : D’accord ! Quand tu dis c’est l’une de mes facettes ?
Arnaud Pilard : je fais des remix, je fais toujours de la musique électronique. J’adore ça depuis des années. Quand j’ai rencontré Romain j’en faisais beaucoup ! Il en faisait aussi à sa manière. On aime bien la prod’, on adore les synthés, les samplers, les boîtes à rythmes. On est un peu des geeks parfois. Est-ce que cela répond à ta question ?
Shebam : très bien !
Arnaud Pilard : Et moi il faut que je te pose une question, c’est ça ?
Shebam : Exactement !
Arnaud Pilard : Elles sont bien tes pompes ! Tu les as achetées où ?
Shebam : C’est un énorme cliché mais je les ai achetées à Londres.
Romain Guerret : Des Clarks !
Shebam : Oui des Clarks !
Romain Guerret : Les Desert Boots !
Shebam : C’est marrant parce que je veux absolument m’acheter d’autres chaussures car je n’arrive pas à les quitter. C’est un peu comme les guitaristes qui se baladent partout avec leur guitare. Moi j’ai toujours mes Clarks.
Romain Guerret : Bah, c’est la chaussure iconique par excellence. On est dans du classicisme indémodable.
Arnaud Pilard : J’en ai eu des noires.
Romain Guerret : Ça marchera toujours ! Tout le monde achète toujours des Desert Boots.
Shebam : En revanche, je me suis dit que je les prendrais bien dans une autre couleur.
Romain Guerret : J’aime bien la couleur justement.
Shebam : J’aimais bien le jeu de lacets.
Arnaud Pilard : Ouais, le contraste est bien.
Romain Guerret : Moi j’en porte plus parce que je me casse la gueule quand il pleut. Ça glisse !
Shebam : Oui, ça glisse !
Arnaud Pilard : J’en avais aussi, pas ce modèle, un peu comme des Richelieu mais la crêpe ça glisse à mort.
Romain Guerret : Et en plus c’est fabriqué au Vietnam et c’est devenu de la ME-RDE complète !
Shebam : Merde !
Romain Guerret : Une paire de Clarks moi ça me fait six mois alors qu’avant, ça me faisait des années.
Shebam : J’hésite aussi à m’acheter des Doc Martens, pas des montantes mais mon entourage familial a dit « NON ! »
Romain Guerret : Pourquoi ?
Shebam : Ma nana a pourtant des Doc montantes.
Romain Guerret : Il ne faut pas les prendre coquées.
Shebam : Ouais c’est ça.
Romain Guerret : Après il y a tellement de modèles de Doc. Moi j’en ai. Elles sont simples mais c’est hyper solide pour le coup. J’en ai au moins trois, quatre paires. J’ai des Loafers à pompons, elles sont superbes. Je ne les mets plus souvent, d’ailleurs, il faut que je les ressorte.
Arnaud Pilard : Les bordeaux, là ? Je me souviens.
Romain Guerret : Ouais ! La prochaine paire de godasses que je vais m’acheter, ce sera encore une paire de Doc, des noires, je ne sais plus le modèle, les 1461.
Shebam : C’est vrai que j’hésitais entre coquées et pas coquées…
Romain Guerret : Ah coquées, c’est dur.
Shebam : C’est ça !
Arnaud Pilard : Ça fait des gros pieds.
Shebam : Je me tâte…
Romain Guerret : Tu es anti Doc Martens ?
Shebam : Non, non…
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