Foxygen, l'avenir des stones c'est eux

par Adehoum Arbane  le 04.12.2012  dans la catégorie A new disque in town

Suite au passage éclair des Rolling Stones au Trabendo, célébrant devant sept cents fans chanceux le Rock et, à travers lui, ses vieilles légendes, je pérorais sur le lien étroit entre passé et présent. Il ne s’agissait pas d’un concert habituel mais d’une séance de répétition publique, une sorte de pré-test censé lancer la tournée 2012. Avec la sortie d’un ultime effort, le fort bien nommé Grrr! - une plantureuse compilation -, certains crurent bon de persifler sur l’extrême longévité de l’une des plus grandes formations de rock de tous les temps. Il est vrai que tous les membres atteignent désormais un âge canonique, 69 ans pour Mick et Keith, 71 ans pour Charlie Watts, 76 ans pour Bill Wyman qui s’est mis en retrait du groupe depuis quelques années. Et malgré la présence de deux inédits, on se demande bien ce que ces vieux briscards ont encore à nous dire après tant d’années de bons et loyaux services. On pense à juste titre que le rock est en roue libre, pire qu’il s’avère incapable d’avancer, de produire des choses nouvelles. Comme s’il se bornait à une perpétuelle relecture de son propre mythe, cette conclusion est frappante à l’écoute des dernières chansons des Stones. On en vient même à se réjouir de la disparition des étoiles, Hendrix, Joplin, Morrison, échappant aux carrières à rallonge qui finissent le plus souvent dans le grand n’importe quoi. Finalement, seul Zappa a réussi à durer au prix d’une exigence artistique qui éloigne souvent de la popularité. Et si l’avenir des Stones était ailleurs que dans le strict périmètre du groupe lui-même ? Du côté de la nouvelle garde ? Prenez Foxygen. Tout est résumé dans leur patronyme, mot valise aux multiples sens. Fox, pour le côté rusé à reprendre les codes d’un rock éternel. Foxy pour sexy, leur premiers pas discographiques possédant un parfum de séduction certain. Oxygen enfin pour cette capacité à revitaliser un genre que d’aucuns disent moribond. Parlons justement de ce premier album mais le mot est-il le bon ? Le terme « Ep » semblerait plus juste de par le nombre restreint de compositions, 7 au total. Cependant, l’extrême longueur de la plupart des chansons et la durée globale de Take The Kids Off Broadway - 36 minutes au compteur - achèvent de lui donner toute sa singularité. Les deux leaders, Sam France et Jonathan Rado, ont convié le meilleur du passé du rock pour en écrire l’avenir, je veux parler des Stones - la voix empruntant souvent à celle de Jagger -, de Ray Davies - le côté fanfare - ou de Bowie pour le savant dosage entre tradition et futurisme. Certes, on affirmera que l’œuvre, aussi foisonnante soit-elle, est parfois dévaluée par son joyeux foutoir mélodique et rythmique, que la cohabitation entre fuzz, piano et synthés paraît quelque peu improbable. Tout cela est vrai mais il faut bien que jeunesse se passe et c’est bien là la force de Take The Kids Off Broadway. Arriver à refaire du Stones mais de façon canaille, avec cette impétuosité et cette audace qui peuvent déconcerter mais qui toujours emportent l’adhésion. Comme sur Teenage Alien Blues. Qui peut encore arriver à écrire un blues avec couplets et refrains et de surcroit sans jamais ennuyer ? Même les Black Keys peinent à y parvenir. Foxygen s’impose par son art à la fois généreux et immédiat, riche de mille instruments, de mille idées, admirablement produites et retranscrites bien que l’ensemble sonne globalement lo-fi. Le duo angelin s’amuse en fait à brouiller les pistes en utilisant tous les « jouets » que le studio a mis à sa disposition mais en optant pour un son presque live, ample qui adresse un clin d’œil aux Stones – encore eux – et leur fameux Rock and Roll Circus, géniale farce pop immortalisée le 11 décembre 1968. Foxygen est donc l’avenir des Stones, Kinks et autres vieilles gloires. Ils ont pour fonction éminente de prendre le relais avec ce qu’il faut de fraîcheur - je sais à quel point le mot est facile, galvaudé -, de jeunesse et d’acuité pour maintenir le rock de leurs pairs à un niveau convenable, voire pour l’emmener plus loin sur les chemins de la modernité. Tout simplement vers l’avenir. Take The Kids Off Broadway ? Prenons-les au mot.

Foxygen, Take The Kids Off Broadway (Jagjaguwar)

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http://www.deezer.com/fr/album/4303121

 


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