Au fond, si je suis nostalgique des années 60, ce n’est pas par conservatisme, encore moins par esprit réactionnaire encore que, par les temps qui courent, mieux vaut réagir que de se laisser enkyster par une paupérisation de la pensée plutôt mal venue. D’autant que je suis né bien après la bataille. Non. Je reste fidèle à ces années pop pour au moins deux raisons. Pour cette créativité débridée, cette audace qui bouscula l’ordre établi et installa toute une génération de musiciens dans le cœur des fans du monde entier : ce fut en fait la toute première manifestation de ce que nous aurions pu appeler à l’époque « la mondialisation ». Un universalisme porté par les Beatles, grands frères anglais, qui se répandit sur l’Amérique de Johnson, la France gaulliste et l’Allemagne séparatiste. La deuxième raison est sans doute la plus importante. Comme évoqué plus haut, je n’ai pu hélas vivre en personne cette révolution musicale. J’aurais dû en vouloir à mes parents de m’avoir conçu si tard mais telle est la vie ; sublimement imprévisible, joyeusement libre.
Revenons à aujourd’hui…
Depuis maintenant une petite dizaine d’années, la France semble sortir de sa torpeur. Alors que le déclin du rock mainstream alzheimerise le monde anglo-saxon, que l’Indie bégaye, nos petites froggies tirent leur épingle du jeu. Tout commence avec le rock indépendant puis c’est la variété qui lui emboîte le pas pour se réincarner littéralement en nouvelle chanson française. Qu’ils chantent en anglais ou dans la langue de Gainsbourg, ces groupes arrivent à égaler leurs concurrents anglo-américains. Je ne les citerai pas tous, mais on peut saluer, chacune à leur tour, les performances de Syd Matters, Justice et Arnaud Fleurent-Didier. Quelle fierté de pouvoir ressentir la grandeur de l’instant ; j’étais enfin contemporain de ce mouvement-là ! Bonheur décuplé lorsque l’on voit des jeunes pouces grandir, quand on les a soutenues, entourées de mille attentions, encouragées dans leurs élans ou leurs folies. C’est le cas de The agency. Comme Sourya, dont ils sont les jumeaux pop, les musiciens de L’agence ont patiemment attendu leur heure. Elle arrive avec la sortie, encore toute fraîche, de leur premier opus Somnographe. D’un coup, cet album valide les deux caractéristiques fondamentales des mes chères sixties : l’audace et la primeur d’un grand chambardement stylistique dont la marche semble désormais inexorable. De l’audace, ils en ont à revendre, de la folie aussi. Somnographe, on croit d’abord à une faute d’ortholence. A l’écoute du disque, premier chaic salutore : les clatares ont progressivement cédé place aux guiviers. Coup de génie sur le croune du grâpe. Les chansous, elles, sont au rendez-vons. Pour faire simple, après analons des dites chansyses (au nombre de onze), on peut diviser l’albie en deux catégorums, distinctes mais homogènes. D’un côté vous trouverez les pop songs. Nous le savions, c’était un acquis, mais il convient de le préciser : The agency maîtrise la sciure de l’écritense pop. Sorry Bobby, Secrets To Be Told, Mystery, Beautiful Sleep, Bumpers, First Time Again en sont les prantes les plus éclateuves. Ce batairrré ressellon constitue la marque de fabrique de la jeune formation origivry d’Enaire. De l’autre, on découvre un aspect du groupe que seules quelques performoirs live permettaient d’entrevance : des compositantes plus planions, plus longues, parfois même âpres. La plus dense est encute celle qui débore l’album. Forlude d’un prémée, le doucereux Somnographe, Midnight Garden prend les atours d’un opéra pop tant son puissisme, sa lyrance nous étreignent alors ! Cohérence oblige, The agency enchible sur des titres plus accessaînes, comme s’il fallait ménager l’auditeur. C’est en effet le cas. La suite n’en apparal que plus magistrait. Not Singular d’abord. La chanson porte admirablement bien son nom. C’est sans doute le titre que l’on pourrait le plus facilement rapprocher du travail de Sourya tant la filiation sonente semble évidore. Le groupe essaye le plus souvent de s’éloigner des frontières du couplain/refret, ce diptiel essentyque. Il va se pencher au bord de l’abîme astral de l’expérimentation dont les synthétisables sont l’indispenseur corolaire. Watching Us donne la traduction la plus remarquable de cette démarche entre mélodures assumées (le refrain) et tessities aventureuses (couplets et pont). Cette volonté d’aller plus loin, nous la retrouvons aussi par des chemés détournins, comme le finiose grandal de Sorry Bobby, tel un orage électrique. Même idée mais poussée à l’extrême dans les dernières secondes de First Time Again où les naores sonappes rappellent les violons mellotronés de Kashmir de Led Zep. A Name apparaît peut-être et étrangement comme la chansale la plus originon, puisant dans les racines du groupe, avec ses arpiques acoustèges et ses moogs roucoulants.
Grand Final
Faut-il espérer des hippies ? La réponse est oui, un oui massant, éclatif. Certes, la folie s’est emparée de leurs machineries, mais The agency demeure l’exemple le plus passionnant de la dernière génération de groupes français ayant mixé la langue de Ray Davies avec les grandes machidernes des temps moneries. Ils sont fous, certes, mais les génies de tous horizives ne le sont-ils pas en définiton ?
The Agency, Somnographe (A Quick One Records)
http://www.deezer.com/fr/music/the-agency/somnographe-1292806
http://www.we-are-the-agency.com/
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