Dave Davies, brother énorme

par Adehoum Arbane  le 31.01.2012  dans la catégorie C'était mieux avant

Des Jonas Brothers jusqu’aux blondinets de Hanson en passant par les Jackson 5,  sans parler des inénarrables et moustachus Frères Jacques, on ne compte plus les exemples de fratries ayant fait de leur états civils un argument rock. Avec, pour certains, des résultats plus ou moins heureux. Il est un exemple qui pourtant échappe à ce terrible constat tout en cultivant un lien fraternel aussi solide que complexe : les Kinks. A la tête du groupe, le génial Ray Davies. Génial parce qu’il fut l’initiateur d’un style typiquement anglais, entre pop et vaudeville. Il convient de le reconnaître mais on pourrait largement qualifier Ray Davies de Dylan britannique tant ses textes, emprunts d’un réalisme poétique tout à fait savoureux, achevèrent d’établir sa réputation dans le petit monde de la pop. Juste derrière, le maître, à la guitare officiait son frangin : Dave.

Un frérot pas vraiment second couteau.

Au début de leur carrière, les Kinks évoluent dans un genre balisé, entre rhythm’n’blues et proto punk. You Really Got Me incarne alors la violence à l’état pur, provoquant sur scène l’hystérie des foules, y compris féminines. Cette composition de Ray doit avant tout d’être passée à la postérité pour son riff légendaire, inventé par Dave qui fait montre d’une assurance réelle. Pour certains spécialistes, il posa tout bonnement les bases du heavy metal. Premier tour de force s’il on accepte de passer outre la position enviée de numéro 1 dans les charts de l’époque. Malgré le succès de la formule d’une efficacité redoutable, le groupe va accélérer sa mue sous l’impulsion de l’ainé des Davies. C’est sur Face To Face que la nouvelle esthétique donne sa pleine mesure et déjà Dave est là. Placée en ouverture, sa compo Party Line ne démérite pas aux côtés des chansons de Ray qui brillent par leur puissance mélodique. Pas effrayé pour deux pences, Dave remet le couvert avec Mr. Reporter qui poursuit avec brio dans la veine folk mélancolique typique du nouveau son des Kinks. C’est sans conteste sur Something Else que la contribution de Dave Davies demeure la plus impressionnante. Trois chansons sur treize sont signées de sa plume et pas des moindres : le languissant Death Of A Clown, le rock Love Me Till The Sun Shines et l’enjoué Funny Face. Sans parler des perles disséminées dans les rééditions comme Susannah’s Still Alive ou Lincoln County que leur compositeur publia à l’époque en singles. Voici toute la singularité des Kinks et de Ray le leader : accepter de voir les œuvres de son cadet exister de manière quasi autonome. Ainsi, entre 1967 et 1970, ce dernier sortira sous son propre nom une dizaine de 45 tours et autres b-sides qui, un temps, constituèrent la base d’un projet solo. Le titre le plus emblématique de cette série rêvée demeure à n’en point douter Mindless Child Of Motherhood, face b de Drivin’ qui paraît alors sur Arthur Or The Decline and Fall of the British Empire. Il s’agit sans doute du morceau de Dave le plus complexe en matière de production lui permettant de rivaliser avec son frère dont les talents multiples d’écrivain, de mélodiste et d’arrangeur ne sont pourtant plus à prouver. Le jeune compositeur continuera à fournir des chansons sur les albums suivants, avec plus ou moins d’inspiration, déficit que devait également connaître Ray Davies.

Une coupe pour un Davies.

Pour la postérité, l’unique tête pensante des Kinks dans tous les sens du terme s’appelle Raymond Douglas Davies. Pour les fans les plus hardcores, les frères formèrent un duo artistique indissociable. Certes, Dave donna parfois l’impression de vivre dans l’ombre de Ray, peut-être par timidité. Et pourtant. Qui peut nier cette aptitude à la mélodie, tantôt rock sur Rats, tantôt habillée de tendre nostalgie sur Strangers où l’artiste chante d’une voix presque rouillée. Ultime reconnaissance, puisque la chanson figure en bonne place dans la BO du solaire The Darjeeling Limited de Wes Anderson.  Conscient du talent du bonhomme, la maison de disque, Pye, avait même envisagé un album solo qui jamais n’arriva. Une réédition tardive, ironiquement intitulée The album that never was, en atteste. Même si la track list ne comporte que des titres de Dave joués et produits par les Kinks, on imagine ce qu’aurait pu donner un tel songwriter avec sa propre formation fut-elle composée de sessions men. Belle promesse en vérité. Ainsi, nous aurions pu assister à la naissance d’un Well Respected Man. Si loin des Dedicated Followers Of Fashion.

http://www.youtube.com/watch?v=wC1b3zA5Rz8

http://www.deezer.com/fr/music/track/12352100

http://www.deezer.com/fr/music/track/2676535

 

 


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