L'Amérique au panthéon rock #38

par Adehoum Arbane  le 14.07.2009  dans la catégorie Récits & affabulations

John Cipollina serait l’un des secrets les mieux gardés de l’histoire du rock ? Et que pensez-vous de Copperhead ? Quatrième formation du génial guitariste, Copperhead n’a jamais vraiment connu le succès qu’il aurait amplement dû mériter. Un seul album, mes kids, signé par CBS en 1973 et quel disque. Mais avant, un peu d’histoire. Après avoir pris congé de Quicksilver Messenger Service qui allait continuer sa carrière jusqu’à la lie, John Cipollina forme Copperhead en 1970. Cette référence un peu cryptique à un serpent à sonnettes extrêmement venimeux, que l’on retrouve d’ailleurs sur la pochette rampant vers une jeune femme tout de noir vêtue, a-t-elle contribué à empoisonner la destinée du groupe ? Composé de Jim McPherson au chant et à la basse, de Gary Philippet à l’orgue et de David Webber à la batterie, la formation signe d’abord chez Sunshine, le label de Michael Lang, organisateur du festival de Woodstock puis en 72, rejoint l’écurie Columbia de Clive Davis. Printemps 73, l’album éponyme sort. 9 titres composent la tracklisting, 9 morceaux impeccables où scintille l’électricité sinueuse de John Cipollina, ce piqué qui a fait sa légende au sein de Quicksilver. Une fois n’est pas coutume, l’influence de Bo Diddley est prégnante tout au long de l’album qui ne ménage aucun temps mort. Porté par la voix puissante, granuleuse de McPherson, le son Copperhead est une merveille. Roller Derby Star et Kibitzer sont deux entrées en matière magnifiquement produites, à la limpidité rock sans pareil. Car à l’époque, beaucoup de groupes US désirent plus que tout sonner comme leurs frères anglais, Stones, Faces, Led Zeppelin et consorts. Mais le génie de Cipollina, son indéniable virtuosité placent le groupe au-dessus du lot. Les voix entremêlées, les cinglantes parties de guitare, le piano sautillant et la rythmique à la fois puissante et aérienne nous propulsent dans un ailleurs musical, jouissif, solaire, abrasif… En un mot Californien. Copperhead est l’essence, l’âme de la culture californienne au sens le plus large du terme. John Cipollina en est le gardien, son temple est encore dressé aujourd’hui, malgré l’oubli un peu trop facile, malgré les multiples expériences qui peuvent diluer une carrière, malgré la mort survenue en 1989. Copperhead, le morceau titre mais aussi et surtout They're Making A Monster, pièce maîtresse longue de 7 minutes 37 secondes, aux hululements Alice Cooperiens synthétisent le crédo du groupe, de l’état et du pays entier : balancer ce phrasé de guitare purement, typiquement américain à la face de la Grande Bretagne des Bealtes, cette perfide Albion qui fut longtemps et qui reste le pygmalion du rock mondial. Pétri de blues, de ce feeling incroyable, Copperhead et son unique album est l’un des trésors que l’auditeur méritant, qu’il ait cherché sur la toile ou dans les bacs à solde, se doit de savourer peinard dans son rocking-chair, par un après-midi d’été moite et cool, un verre à la main, les yeux perdus tout entiers dans le ciel… Et les oreilles grandes ouvertes. Alors, les mecs, enfin ceux qui n’auraient pas encore déniché ce vibrant chef-d’œuvre, il ne vous reste plus qu’à faire preuve de patience, de courage, de sacrifice, d’investissement personnel, d’effort, de confiance, de persévérance, de foi pour y parvenir. Des mots qui ont dû jalonner la carrière discrète mais si intense de John Cipollina.

La semaine prochaine : Neil Young dans la nuit noire


Copperhead Roller derby star
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