Carnets de déroute-Chapitre 6 : Jesus & the Mary Chain parmi les siens !
Chapitre 6, cinquième partie
Vous voulez rire, vous voulez dire Jesus and The Mary Chain… La formation neurasthénique d'East Kilbride faisait son grand retour en fils spirituels du Velvet, guitares névrosées, chant du cygne, enfin toute la panoplie du parfait petit rocker junkie. Nous ne vîmes que quelques minutes du show, le son était plutôt bon, quand les filles évoquèrent le désir irrémédiable d’aller voir la dernière sensation du moment, CSS. Quelle énorme blague que cette formation qui sait à l’évidence danser le twist, ou tout autre style de chorégraphie sur fond de musique club, mais sérieusement, peut-on parler de Création ? Certes, leurs fringues fluo me donnaient l’étonnante impression d’assister à un anniversaire organisé par Ronald MacDonald mais de là à les prendre au sérieux, non, je ne voudrais pas passer au yeux du monde pour un nerd amateur. L’amateurisme est l’opium des faibles. Plus tard dans la nuit, de glauques ombres ouvraient le bal en une transe macabre clipée de façon dantesque, Tool venait d’entrer en scène. L’expérience promettait d’être exaltante, bien qu’il faille aimer repartir avec des boules de suie dans les oreilles et des cauchemars plein les yeux, songez à la rencontre improbable entre un chasseur Rafale à mac II et Le retour des morts vivants de Romero et vous vous ferez une idée assez juste de Tool. Après deux heures de malaise suintant et de décibels rugissants, nous quittâmes un parc aussi dévasté qu’un champ de bataille après une guerre thermonucléaire.
Le dimanche matin est radieux, mais le programme assez mou, mes amis ne venant que pour Björk, ce qui peut sembler naturel pour le commun des mortels aveuglé par le snobisme latent des dîners en ville où l’on s’extasie devant la petite Islandaise. Je me console en songeant à mon ami geek, spécialisé en électro dont l’ironie mordante lui avait valu, tout comme moi, le titre d’ayatollah de la musique, terme quelque peu déplaisant mais à la fois flatteur pour les rigoristes que nous sommes, sortes de gardiens d’un temple que la plèbe télévisée s’amuse à ridiculiser à chaque prime time. Mais nous n’en étions pas là, je m’apprêtais à vivre en ce jour chrétien un vrai chemin de croix dans la boue opalescente d’une célébration galvaudée, puante de bons sentiments rock. La première station du martyr, Just Jack un peu juste à mon goût, quelle désopilante et pathétique prestation, ce que l’on appelle en langage culinaire de la soupe, de celle que l’on sert au peuple quand les premiers frimas se font sentir, quand les visages se crispent dans le froid bleu. Il faut bien le dire, je déteste le rap ou la musique club, ou la techno smooth, enfin tout ce qui se cache derrière une dénomination pompeuse sans rien proposer de neuf ou tout du moins de bon. De bon. Mon corps brisé par la torture se remit en mouvement.
À suivre…
Vous voulez rire, vous voulez dire Jesus and The Mary Chain… La formation neurasthénique d'East Kilbride faisait son grand retour en fils spirituels du Velvet, guitares névrosées, chant du cygne, enfin toute la panoplie du parfait petit rocker junkie. Nous ne vîmes que quelques minutes du show, le son était plutôt bon, quand les filles évoquèrent le désir irrémédiable d’aller voir la dernière sensation du moment, CSS. Quelle énorme blague que cette formation qui sait à l’évidence danser le twist, ou tout autre style de chorégraphie sur fond de musique club, mais sérieusement, peut-on parler de Création ? Certes, leurs fringues fluo me donnaient l’étonnante impression d’assister à un anniversaire organisé par Ronald MacDonald mais de là à les prendre au sérieux, non, je ne voudrais pas passer au yeux du monde pour un nerd amateur. L’amateurisme est l’opium des faibles. Plus tard dans la nuit, de glauques ombres ouvraient le bal en une transe macabre clipée de façon dantesque, Tool venait d’entrer en scène. L’expérience promettait d’être exaltante, bien qu’il faille aimer repartir avec des boules de suie dans les oreilles et des cauchemars plein les yeux, songez à la rencontre improbable entre un chasseur Rafale à mac II et Le retour des morts vivants de Romero et vous vous ferez une idée assez juste de Tool. Après deux heures de malaise suintant et de décibels rugissants, nous quittâmes un parc aussi dévasté qu’un champ de bataille après une guerre thermonucléaire.
Le dimanche matin est radieux, mais le programme assez mou, mes amis ne venant que pour Björk, ce qui peut sembler naturel pour le commun des mortels aveuglé par le snobisme latent des dîners en ville où l’on s’extasie devant la petite Islandaise. Je me console en songeant à mon ami geek, spécialisé en électro dont l’ironie mordante lui avait valu, tout comme moi, le titre d’ayatollah de la musique, terme quelque peu déplaisant mais à la fois flatteur pour les rigoristes que nous sommes, sortes de gardiens d’un temple que la plèbe télévisée s’amuse à ridiculiser à chaque prime time. Mais nous n’en étions pas là, je m’apprêtais à vivre en ce jour chrétien un vrai chemin de croix dans la boue opalescente d’une célébration galvaudée, puante de bons sentiments rock. La première station du martyr, Just Jack un peu juste à mon goût, quelle désopilante et pathétique prestation, ce que l’on appelle en langage culinaire de la soupe, de celle que l’on sert au peuple quand les premiers frimas se font sentir, quand les visages se crispent dans le froid bleu. Il faut bien le dire, je déteste le rap ou la musique club, ou la techno smooth, enfin tout ce qui se cache derrière une dénomination pompeuse sans rien proposer de neuf ou tout du moins de bon. De bon. Mon corps brisé par la torture se remit en mouvement.
À suivre…
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