House Of Glass, The Glass Family

par Adehoum Arbane  le 06.11.2006  dans la catégorie With bonus tracks

La Californie fut une terre fertile, un astre de rayonnement pop pour de nombreuses formations. À L.A., en marge des groupes établis, certains combos brillent d’inventivité lysergique, façonnant dans la glaise mouvante des architectures cristallines typiquement acides. En 1968, The Glass Family nous offre avec House Of Gass un de ces joyaux, scintillant comme un palais vénitien planté sur Venice Beach. Un must avec les 3 premiers albums du West Coast Pop Art Experimental Band.
 
http://www.youtube.com/watch?v=_sZjgQ_BYtA
 
 
 
 
 

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carcamousse

08.11.2006

«This house is made of glass
Come inside, watch it lasts
We’re storing life for our winters day
Come inside and with us play

No need to hide in a house of glass
Love can be seen and it’s such a gas» — House of glass

Glass Family est un groupe dont la genèse et l'historique résistent à toute investigation. Ma seule source de renseignement demeure “Le rock psychédélique américain” de Philippe Thieyre. Par elle je sais qu'il est originaire de Californie (peut-être de Los Angeles?) et que ses musiciens, Ralph Parrett (vocaux, guitare), David Capilouto (basse, claviers) Gary Green (batterie, percussions), ont pu réaliser deux L.P.s sur Warner Brothers: “Glass Family” en 1967, et “Electric Band” en 1968.

Je ne dispose que de ce dernier. Sur la pochette, on les voit poser devant une grande maison: une image qui laisse à penser que, comme beaucoup à l’époque, ils aient adopté un mode de vie communautaire; mais il se peut que ce soit juste une idée de marketing comme le suggère judicieusement Scott. S., un inernaute américain: «My bet is that the band was one of the many who stalked Sunset Blvd. looking for gigs or anyone to listen to their music. Someone heard them, slapped the name on them to capitalize on the hippie commune thing and found some dirtbags and an old house and snapped the photo». — Je ne peux identifier personne. Vous devriez voir convenablement cette photo en allant sur le site de rateyourmusic.com*; remarquez la poupée!

Quant au patronyme, si curieux, un autre internaute indique qu’il pourrait être une référence au cycle de la famille Glass dont les histoires sont narrées dans les romans de J. D. Salinger: “Franny and Zooey” (1961), “Raise high the roof beam, carpenters” (1963), “Seymour: an introduction” (1963). Voilà pour la “biographie”!

Qu’attend-on pour rééditer cet album, l’un des plus fins et des plus élégants de cette flamboyante queue des sixties? Produit par Richard Polodor (Steppenwolf, Iron Butterfly), il est, à vrai dire, plus pop que psychédélique, mais l’on peut le cataloguer ainsi pour au moins trois morceaux — “Agorn”, surtout, pinkfloydien en diable —, sans compter la ferveur “garage” (sinon “fureur”) qu’il sait déployer, où la rêveuse nonchalance qui est l’apanage de bien des morceaux (je pense notamment à “Guess I’ll let you go”). Au programme, donc: des mélodies suaves et sémillantes, de bizarres et rageuses “apostrophes”, un orgue acidulé et fureteur, de la guitare sèche, de la fuzz, d’enchanteresses percussions, une assise rythmique efficace et subtile et des textes évoquant souvent la liberté. Ralph Parrett signe, seul, toutes les compositions (exceptés deux) et chante d’une voix saillante et claire. Détails:

A side:

1/ “House of glass”. Un riff plein d’allant, une basse feutrée, un piano vérécondieux, un orgue nasillard et facétieux, des chœurs patchouli et muézin, des percussions capiteuses et sporadiques, deux guitares, faséyante, prurigineuse, distillent une ambiance “garage” et ensorceleuse évoquant les Doors ou “le grand canular de la banane” des Electric Prunes, et, psychédélisme oblige, les fameux acid tests des Merry Pranksters.

2/ “Born in the U.S.A.”. Du rythmn ‘n’ blues obsédant et bien charpenté: un riff rappelant le “Jean Genie” de Bowie, une basse ronde et cogneuse, des plaintes d’harmonica, des pickings de guitare. «This is the story about where I was born and the things that are weighin’ down ». Les paroles expriment les méfaits d’une éducation dont il est urgent de se libérer: «Oh, but I got free right here in the U.S.A., Forget what they told me and feeling good anyway».

3/ “Once again”. «They haven’t touched for nearly two years, She wants to ask him but she knows he will not hear, And the sun is saging in the sky, once again».
Une ballade un peu “comptine”, un peu “boîte à musique” racontant l’histoire d’une épouse délaissée. Tout est miel et douceur: les arpèges de guitare sèche, les percussions — derboukas, caisse claire, charleston —, les longs accords de l’orgue et la voix limpide de Ralph Parrett. «She keeps waiting for the day he’ll find him lover, But doctor says “Don’t worry men that are busy can’t be lovers, It’s the twenty eighth century, what’s natural’s forgotten”, So she waits for something, for something».

4/ “Sometimes you wander (Henry’s tune)”. Un autre appel à la liberté. De la pop indolente et ensoleillée, caraïbe, caressante: doux tapis de percussions et de crécelles, picotis de guitare, friselis de piano. «People have got to be free to do as they please, Free from possessings someone they’ve been told they want, We are one each other so why don’t we scream it».

5/ “The means”. Etrange pop-song, pop-songe, lente comme le rêve, savante comme la sève. La cadence frétille, découpée sur les cymbales, la basse cabriole, caracole, l’orgue délivre un chapelet de notes aigrelettes sur un riff argentin de guitare, les chœurs chapechutent et s’éthèrisent, les textes sont à la mesure: sibyllins et chimériques. «I’m a lover fey with chocolate icecream, I’m the rived maze in images in green, Who could forbid the automate dream, No one, it would be to mean, to mean...».

6/ “Do you remember”. Ambiance “daiquiri sous une paillote au crépuscule”. Un piano club, une guitare cajoleuse, des congas veloutées, une brume d’orgue et de vibraphone accompagnent cette sérénade à une inconnue. «[I] never had a woman fit so well into my arms as you, my dear, You’re sensitive too I know you did, You’ve got to hold your worries and your foolish fears,Yeah, you turn, with your eyes you said to me “I never knew, Oh wah whoopee”, do you remember ?... Do you remember?».

B side:

1/ “I want to see my baby”. Le titre le plus féroce, le plus vitriolant de l’album. Un tempo lourd et saturnien, un piano boogie-woogie disert et insistant, un harmonica pessimiste, une fuzz bourdonnante et térébrante, et Ralph Parrett hurlant comme un démon: «I don’t wanna fly like Mary Poppins, I don’t wanna hang up blue stokings, I don’t wanna absolve with the man, I just want to see my baby, Faster as I can».

2/ “Lady blue”. Un rythmn ‘n’ blues charbonneux lanté d’orgue et de piano. Lady Blue à l’air d’une drôle de diablesse. «She can bring you down when you think you’re up, oh, oh, Feed your horse and make you think that wine is in your cup, You know you’ve got a lot of nerves, you tell me about your secret cure, Lady Blue ain’t the girl for you, oh, oh».

3/ “Passage # 17”. Pop popotte qui roule sa bosse tractée par des accords bénédictins de guitare sèche, diaprée de lucioles psychédéliques: sanglades assidues, zinzinulantes clochettes, volutes d’orgues, moresques électriques, basse paradant comme un trombone. «Let the dream what you‘ve been, You were under passage # 17, Take the time, use your mind, You learned every sign».

4/ “Mr. Happy Glee”. Ambiance “Love In” avec fleurs, encens, plumes et bandeaux dans les cheveux. Exhortation au bonheur et à la liberté toute aquillaudée de mandoline, de lointains cris guerriers et de frétillements de crotale. «Just try living, I think that you will see, The only one to lesson to is Mr. Happy Glee». Et un bonimenteur exclame: «Yes hopes when the threaters (?) of our happiness try to tell you their sadness, do not listen when they try to tell you that you can’t dancing and make love, shoot down their words, just remember the words of the most hippiest grooviest cat that ever live, and that was love, love, love».

5/ “Guess I’ll let you go”. Une aubade amoureuse alerte, nappée de slide et de derboukas, ponctuée d’intermèdes rêveurs et vagabonds lui conférant tout son charme et son étrangeté. «Oh but baby, didn’t I tell you I would love you, Even if you love another man, I will love you just for you my love, And what other things that you may plan».

6/ “Agorn (Element of complex variables)”. Voici le morceau pinkfloydien — période “Saucerful of Secrets”: un instrumental, nanti d’une basse hypnotique et d’une batterie gyroscopique, où s’élèvent des cris tribals et lointains, où fulminent une guitare coupante et un orgue acide. A la fin, des bruits de verre brisé font songer au proverbe “People who are living in a glass house should not through stones”; quelque chose comme “Ceux qui prônent des règles se doivent de les respecter” où, plus familièrement “C’est l’hôpital qui se fout de la charité”.

Discographie:

Singles:

1967 — Teenage Rebellion / ??? (Sidewalk — label de Warner Bros)

1969 — Agorn / Guess I'll Let You Go (Warner Bros)

1969 Guess I'll Let You Go / David's Rap [Promo] (Warner Bros)

Albums:

1967: Glass Family (Warner Bros)

1968: Electric Band (Warner Bros)

Le premier album, invu, figure seulement sur la discographie donnée par Philippe Thieyre. Il en serait extrait “I’m losing you”, titre figurant sur deux compilations américaines: “Freak Out U.S.A.!” et “Filling The Gap” (à moins qu’il ne s’agisse du B side de “Teenage Rebellion”?).

* http://rateyourmusic.com/release/album/the_glass_family/electric_band

> La discographie figurant sur ce site est erronée.

Carcamousse

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