La France fut longtemps le bastion de la variété qualifiée fort justement de française. Pourtant, à la fin des années 60, on observe un mouvement dissident qui marquera secrètement la production hexagonale. Parmi les légions de forcenés pop (Dashiell Hedayat, Patrick Vian, Ange et même le Martin Circus des débuts), une formation à géométrie variable fera très vite bande à part : mené par son génial démiurge, prodige de la batterie, Christian Vander, Magma déboule à Paris en 1970 avec ses lunettes noires, ses sigles germaniques, son jazz rock tellurique et ses chants wagnériens. Le choc. Des cultures d’abord, car les minets de la variet’ ne savent que répondre. La puissance de leur chaos sonore effraie. On les taxe de fascistes. Gainsbourg et son Nazi Rock se marrent encore. Malgré les aménités, leur répertoire semble s’enrichir d’un album à l’autre. Radicale, différente, exigeante, l’œuvre se martèle et se forge sous les coups de Vander, véritable Vulcain des fûts. Leur langage, fait de hululements feutrés et de cantiques néo européens, donne à l’ensemble une force d’attraction peu commune (à l’époque et encore aujourd’hui). Car le miracle de Magma, c’est d’avoir perduré et de rassembler à l’heure où j’écris les anciens comme les plus jeunes. Ceux qui n'ont pas été leurrés par les artifices télévisuels des grands shows musicaux. Magma est mort, vive Magma.
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