Pink Mountaintops, axé sur le Velvet
par Adehoum Arbane le 05.04.2006 dans la catégorie A new disque in town
Attention, ultime réincarnation du mythique souterrain de velours.
Axes of Evol, le dernier opus en date des noirs Pink Mountaintops, ne donne pas vraiment la banane. Son rock anorexique et diamantaire sonne aussi sec qu’un cou de trique dans une ruelle étroite de Soho. Et derrière le cuir tanné d’une grosse pomme sado rétro se cachent 5 canadiens érudits. Bourré de références, mêlant rock étiré, électronique cintrée et blues rouillé, Axes of Evol offre 7 perles au minimalisme froid. Pour mieux apprécier leur musique, il faut oublier l’écrasante filiation avec le VU. Plastic Man, You're the Devil est à ce titre exemplaire. Ce mantra semble s’être échappé des bayous graisseux de la Louisiane. Un blues quadrillé par des barbelés sonores où les notes se frottent en une stridulation hypnotique. Rappelez-vous l’intro d’On The Road Again des bouseux-blueseux Canned Heat. How We Can Get Free confine au dénuement total, l’électronique striant le morceau de part en part. Voix cafardeuse chuintant des onomatopées écornées, banjo libellule palpitant au loin. 7 minutes 30 de désolation lumineuse. Comas joue dans le même registre dépouillé, blues et folk : on y entend même les doigts glisser sur les cordes pincées.
Interludes électroniques.
New Drug Queens et Lord, Let Us Shine démarrent en flèche sur les mêmes beat resserrés. Puis l’électricité reprend ses droits. À chaque fois la fuzz lapide voix et guitares, créant une sorte de trame sonore entêtante. Deux morceaux plus anecdotiques qu’il convient de considérer comme des pauses entre les compositions les plus longues.
Des navires à la dérive.
Slaves est de loin le morceau le plus intéressant, le plus déroutant aussi. On s’éloigne du Velvet Underground. Il y a toujours cette dimension répétitive, binaire qui caractérise le son du groupe. On navigue entre deux eaux, de l’autre côté du Rio Grande, pas très loin de la frontière californienne. On dirait presque un chant indien lorsque les guerriers dansent la nuit autour du feu pour convier les esprits de la nature à la célébration des sens. La guitare, moins épileptique, plus ronde, accentue cette impression. Seul le titre de la chanson pourrait rappeler le Venus in Furs de Lou Reed. Un autre nom me vient à l’esprit : The Savage Resurrection et leur Tahitian Melody. Peut-être parce que ce groupe était composé de jeunes "natives".
À l’arrivée…
… Axes of Evol (petit clin d'œil à l'axe du mal d'un certain GWB) est un album court, urgent, plutôt varié. Pour les fans du Velvet, commencez par Cold Criminals, le plus connoté de tous les titres. Et pour tous ceux qui n’ont pas encore pris la tangente, jetez donc une oreille attentive à leur premier album éponyme. I (Fuck) Mountains (assez semblable au Planet Caravan de Black Sabbath), Sweet '69 (synthèse jouissive du 1969 des Stooges et de Who Do You Love de Bo Diddley, immortalisé dans nos cœurs par le Quicksilver Messenger Service) et Atmosphere (toujours très Lou Reedien) en constituent les moments les plus passionnants. Pour info, Pink Mountaintops est la face nord (et noire) de Black Mountain : les 2 formations partageant le même leader, Stephen McBean.
Pink Mountaintops, Axes of Evol (Jagjaguwar)
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