The Kinks, un singe en hiver

par Adehoum Arbane  le 24.03.2006  dans la catégorie C'était mieux avant
Lola. Le dernier excellent opus de Sir Ray et de ses Kinks. Lola.  L'ultime album de ces dandys rendus immortels à jamais dans nos cœurs par la voix lumineuse de leurs chansons, toutes leurs chansons. Je voudrais envoyer avec ce court billet, un petit clin d'œil pour une vraie Lola au kinksième degré. Car entre toutes ces chansons, il y en est une qui a su se frayer un chemin depuis l'année 1970, un morceau bouillonnant, attendrissant pour une personne qui ne l'est pas moins, un petit bout de femme pop avec qui j'ai partagé, moi l'humble narrateur de cette aventure, quelques discussions rock'n'roll, comme si les mots, branchés sur ampli Marshall, s'étaient mis à danser dans les clubs de l'Angleterre mod, du Londres multicolore de Carnaby Street. Revenons aux Kinks qui je crois sont, pour nous deux, des amis très précieux. Que dire de leurs chansons, véritables petits livres de chevet ? Je disais qu'il en était une parmi tant d'autres, celle dont j'aimerais te parler, ô ami lecteur, ô freak invétéré, et qui semble compter à ses yeux.

Laisse-moi te conter Apeman et en faire ainsi l'objet de ta curiosité.
Un coup de klaxon donc, quelques mesures d'un vieux piano bastringue qui sonne comme un ukulélé ou peut-être le contraire… L'univers contrasté, inclassable de Ray Davies est posé. Une voix fluette entonne les premiers vers sautillants. I think I'm sophisticated 'cos I'm living my life like a good homosapien. Les traits de Ray l'homme singe sont bien ceux de l'humour. Et dans les verts pâturages de nos baladins électriques, les cocotiers cachent des Kinks Kong échappés du zoo, des macaques fuyant la surpopulation, l'inflation et la guerre nucléaire. Ce blues chatoyant, gazouillant, bondissant (écoute attentivement, mon ami, les parties de piano soutenues par des chœurs de singes hurleurs, par moments, roucoulants à d'autres) est un hymne écolo, en pleine débâcle Post-Woodstock, un an après que Neil Armstrong ait posé ses deux pieds d'homme singe redressé sur la lune. Je me souviens très bien du film qui accompagna la sortie de ce tube imparable : on y voit nos lascars, escortés par un gorille costumé tout peluché, se promener dans un parc londonien. Ray le prend alors par la main et l'emmène en un tour de danse incroyable loin de la trop bruyante et démonstrative puissance de la City.

J'aime cette innocence retrouvée...
... Et chantonnée dans le refrain, I'm an ape man, I'm an ape ape man, I'm an ape man I'm a King Kong man, I'm a voo-doo man I'm an ape man, alors que les lords du hard rock british, Led Zeppelin et Deep Purple adoubés, posaient déjà les premiers jalons d'une musique âpre et déchirée. J'adore à l'infini cette ferveur enfantine, cet humour potache, cette loyauté envers l'absurdité, au fond, cette humanité délicieusement simiesque. Dans Apeman, il y a beaucoup de la drôlerie géniale d'un Autumn Almanac. Dans Apeman, on ne retrouve plus la douce mélancolie de Face to Face, ni le lyrisme symphonique d'Arthur. Dans Apeman, on savoure la générosité des Kinks, vivant témoignage de leur insolente éternité.

 
 
 
 
 

Commentaires

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KLL

08.09.2006

hum... quel délice que ces Kinks, que je ne finis pas de découvrir. merci pour votre élairage et cette petite vidéo illustrant parfaitement l'intelligence des Kinks tout en dérision sensible. je veux être enterré sur "I'm not like everybody else"... pas trop tôt quand même !

http://collectifrock.blogspot.com/2005_08_01_collectifrock_archive.html

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10.10.2007

Cool le video

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20.02.2008

Interessant jaime le groupe

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