The Fiery Furnaces, blueberry forever

par Adehoum Arbane  le 23.03.2006  dans la catégorie A new disque in town
Bateau myrtille, sous-marin jaune tournant au bleu dans une vision kaléidoscopique de plus d'une heure. 15 titres au baroque flamboyant, sens du collage, autodérision, pop, blues, figures de style rock. New York est une planète à part, en forme de grosse pomme sidérale. Sidérante. Dans ce cabaret pop foutrarque, il y a tout : le Velvet métronomique, les guitares grattées de Syd Barrett, les Who, l'électronique acidulée, les nappes progressives et l'humour coq-à-l’âne. Des voix, des interludes, des chansons légèrement idiotes, une anglophonie américaine typiquement décalée, les Strokes n'étant rien de plus qu'un grand rien mal orchestré.

Straight Street et ses parties de guitare épileptique, ses violons sanguins et ses orgues lapidaires. Cette chronique pourrait ressembler au deuxième opus des Fiery Furnaces : aller là où ne l'attend pas. Car cette impression déstabilisante prédomine à chaque écoute de Blueberry Boat. Les morceaux sont des mini-opéras aux comptines diluées, éphémères et pourtant construites, écrites, pensées. Musique de fête foraine, groupe homme-orchestre, George Martin inoculé vivant dans chaque chanson. Manhattan au pays des Nursery Rhymes. Tout est bancal, génial, abyssal. Chris Michael force le respect : mélodies évidentes, virtuosité jouissive, enchaînements millimétrés, Eric Sati au pays du psychédélisme, Tommy revisité, remixé. Blueberry Boat, morceau titre, sautillant, dissonant, produit à l'ancienne, avec cordes, synthétiseurs en escaliers, farfisa en gigue.

Le savoir-faire est certain. L'errance entendue.

My Dog Is Lost But Now He's Found déroule ses entrelacs bluesy, entrecoupé d'un piano foldingue. Mason City et sa pop pastorale aux postures bealtlesiennes, solo Bo Diddley, final théâtral et point d'orgue dissonant, brouillon, bouillonnant, excentrique, électrique. Birdie Brain, ruissellement de claviers en forme de montagnes russes. Turning Round et son piano élégiaque, son émotion latente, sa rythmique déboulonnée et son orgue discret. Final à la pompe façon Todd Rudgren avec le magistral Wolf Notes puis la fin puis le néant puis le silence. La messe est dite. La bible refermée.

The Fiery Furnaces, Blueberry Boat (Rough Trade)

decades-furnaces.jpg

http://www.deezer.com/fr/album/105462

 

 


Commentaires

Il n'y pas de commentaires

Envoyez un commentaire


Top