Straight Street et ses parties de guitare épileptique, ses violons sanguins et ses orgues lapidaires. Cette chronique pourrait ressembler au deuxième opus des Fiery Furnaces : aller là où ne l'attend pas. Car cette impression déstabilisante prédomine à chaque écoute de Blueberry Boat. Les morceaux sont des mini-opéras aux comptines diluées, éphémères et pourtant construites, écrites, pensées. Musique de fête foraine, groupe homme-orchestre, George Martin inoculé vivant dans chaque chanson. Manhattan au pays des Nursery Rhymes. Tout est bancal, génial, abyssal. Chris Michael force le respect : mélodies évidentes, virtuosité jouissive, enchaînements millimétrés, Eric Sati au pays du psychédélisme, Tommy revisité, remixé. Blueberry Boat, morceau titre, sautillant, dissonant, produit à l'ancienne, avec cordes, synthétiseurs en escaliers, farfisa en gigue.
Le savoir-faire est certain. L'errance entendue.
My Dog Is Lost But Now He's Found déroule ses entrelacs bluesy, entrecoupé d'un piano foldingue. Mason City et sa pop pastorale aux postures bealtlesiennes, solo Bo Diddley, final théâtral et point d'orgue dissonant, brouillon, bouillonnant, excentrique, électrique. Birdie Brain, ruissellement de claviers en forme de montagnes russes. Turning Round et son piano élégiaque, son émotion latente, sa rythmique déboulonnée et son orgue discret. Final à la pompe façon Todd Rudgren avec le magistral Wolf Notes puis la fin puis le néant puis le silence. La messe est dite. La bible refermée.
The Fiery Furnaces, Blueberry Boat (Rough Trade)
http://www.deezer.com/fr/album/105462
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