Shebam de Alice Cooper à Zappa


  • Clichés d’Abbey

    par Adehoum Arbane le 05.11.2024 Abbey Road est le dernier album enregistré des Beatles et c’est aussi un album… photo. À l’image de ceux qui se trouvent dans les maisons familiales et que l’on prend toujours plaisir à ouvrir. Pour quelle raison profonde ? Parce qu’ils constituent la somme de toute une vie. Un résumé existentiel en quelque sorte. Ou, pour user d’un terme musical, un « best of ». Dans ces albums s’étalent page après page nos souvenirs, des moments précis, les portraits de nos proches, leurs sourires, regards, toutes ces preuves de leur identité, de leur caractère, bref autant de pièces d’un puzzle que l'objet lui-même...
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  • Geordie Greep, le nouveau son ?

    par Adehoum Arbane le 29.10.2024 Quelque chose avait disparu des radars et qui était monnaie courante dans les années soixante-dix. Une certaine idée qui avait emmené le rock au-delà des frontières de l’imaginable, qui l’avait porté si loin que les punks avaient cru bon de sonner la fin de la récréation. La virtuosité. Celle-ci avait été propulsée par la figure du guitar hero dont Hendrix fut la première et la plus notable incarnation. En 1967, le journalisme n’avait pas encore trouvé, dans une fulgurance démiurgique, la formule de rock progressif. On parlait de rock progressiste, terme plus large permettant d’y faire entrer tout un pan de la pop...
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  • Leon Russell, Russ meilleur

    par Adehoum Arbane le 22.10.2024 Comment expliquer que la carrière de Leon Russell fut à ce point singulière et anecdotique. Ce dernier mot est sans doute violent. Et si on le change, alors, modifions le duo de qualificatifs. Massive et à la marge conviendrait mieux. À la marge, sous les radars, comme si le musicien avait dû se cantonner au rôle d’éternel second. De Leon Russell, nous savons peu de choses en définitive, au sens où la grande mémoire de la pop n'aura retenu que quelques bribes informationnelles, des bouts d’histoire donnant une indication sur talent de l’homme. Une discographie riche de vingt-cinq albums...
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  • Maître Kantner

    par Adehoum Arbane le 15.10.2024 L'esprit de la contre-culture n'est-il pas d'aller à contre-courant ? On le sait, 1969 aura été une année de bascule. 1969, l’année Charles Manson. En 1968, la chanson en demi-teinte des Mamas & Papas, Mansions, avait préfiguré le drame. Par suite des meurtres de Cielo Drive, les manoirs se referment, les hippies oublient leur rêve et en reviennent aux racines, le folk, la country, une musique plus simple, moins torturée, comme pour exorciser le cauchemar mansonien. Tous s’y mettent. Avec un certain succès. Les plus signifiants, Crosby, Stills & Nash, suivis par le Dead qui abandonne les longues divagations électriques pour embrasser...
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  • Les chevaliers du Zodiac

    par Adehoum Arbane le 08.10.2024 On le sait, les années 60 furent LE moment pour l’industrie du disque, qui connut une expansion sans précédent (ou presque). Tirés par la locomotive Beatles, les labels, grands et petits, virent dans le succès du groupe des raisons d’espérer, voire de trouver leurs Beatles à eux. Cette forme de compétition (pour ne pas dire concurrence) fructueuse porta sur les podiums de la gloire des formations au moins aussi méritantes. Dans le lot des signatures en pagaille, nombreux furent les groupes de moindre importance à rejoindre des écuries aussi prestigieuses que DECCA-DERAM, Columbia, Warner, Elektra, etc...
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  • Paul Simon, American seum ?

    par Adehoum Arbane le 01.10.2024 Plus on parle de l’anxiété, plus on transmet de l’anxiété. Cet axiome pourrait sembler une banalité. Il n’a jamais été aussi tangible à l’aube des seventies, dans la pop musique. Que ce soit à travers Child In Time ou des chansons folk engagées, comme celles d’After The Gold Rush. Le tableau dépeint par les artistes du moment n’est guère rassurant, pour ne pas dire sombre. Une nouvelle génération de groupes cherche un antidote à la morosité, ce qui donnera le glam rock. Une autre, tout droit venue des États-Unis, invente une forme de folk aux refrains enjôleurs et à l'introspection en surface, histoire de ne pas trop...
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  • Pink Floyd, à la pompe

    par Adehoum Arbane le 24.09.2024 Depuis Revolver, la pop est par définition l’art de la réinvention. Difficile exercice qui n’aura épargné personne, des plus grands aux queues de comète, et qui oblige chacun au dépassement perpétuel. Pour survivre dans un monde où la concurrence des talents fait rage. Les Beatles encore et toujours les Beatles, dont l’excellence était devenue une obligation quasi contractuelle, réalisèrent cet exploit et choisirent de s’arrêter au bon moment, avant l’inévitable déclin. Pink Floyd qui démarra dans les affres du psychédélisme pour s’imposer dans la décennie soixante-dix, faillit connaître ce sort-là. À force de travail, de remise en question...
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  • La Luz your religion ?

    par Adehoum Arbane le 17.09.2024 Tout commence par un rêve. Dans les bribes qui persistent au moment du réveil, émerge le souvenir d’une rencontre avec La Luz, groupe de pop originaire de Seattle et fondé par Shana Cleveland (ça ne s’invente pas). Elle a lieu dans une maison, on ne sait où. Puis se poursuit, magie du rêve, dans un bus. Le groupe entre et regarde hilare l’assistance qui, elle, se rend compte de la réalité. Il s’agit d’une prise d’otages, une vraie, comme dans les films. Les yeux s’ouvrent. Tout est fini. Là, reprend la chronique. News Of The Universe est le cinquième album du groupe, le premier pour Sub Pop, ce qui est un signe...
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  • LCD, plaisir systémique

    par Adehoum Arbane le 10.09.2024 Il est encore bien présent, le vieux mâle dominant de 54 ans. Cette phrase résonne comme un enseignement, non comme un regret ou une colère. James Murphy nous l’a prouvé en cette soirée du 25 août, clôturant les cinq jours de cette édition 2024 du festival Rock en Seine. Machine culturelle et financière qui n’est pas exempte de critiques mais nous ne sommes pas là et nous ne fîmes pas le déplacement pour faire l’amer constat d’un modèle économique bien huilé. Pas plus que nous nous attarderons, sinon par une brève citation, sur des considérations sociologiques : âge et tendance vestimentaire du public...
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  • Love, à revendre !

    par Adehoum Arbane le 23.07.2024 L’arbre qui cache la forêt, on connaît. Mais la forêt qui cache l’arbre ? S’agissant de Love, la forêt représente la floraison d’albums entre 1967 et 1969, soit Da Capo, Forever Changes et dans une moindre mesure Four Sail, qui possède encore quelques réminiscences des précédents, et Out Here. Où se situe l’arbre chez nos brillants californiens dégingandés ? L’arbre c’est ce premier album sobrement intitulé Love. Plusieurs choses à dire sur ce jeune séquoia à quatorze branches. Il y a beaucoup à dire en fait, et plus qu’on ne l’imagine. D’abord, le contexte. C'est un album du début non pas dans le sens...
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  • The british Jefferson Airplane ?

    par Adehoum Arbane le 16.07.2024 Les comparaisons sont-elles abusives, ou du moins restrictives ? Pour résumer, comparer serait rabaisser. Débat sans fin aux inépuisables ressources argumentatives et qui continuera de faire couler les encres des Danaïdes de la critique. Et cependant…  Peut-on prendre en considération avec un peu de sérieux le surnom dont la critique affubla Fairport Convention, soit “The british Jefferson Airplane” ? Dit comme ça, dans la langue de Shakespeare, la sentence paraît moins lourde, voire flatteuse. British en français a signifié avec le temps, élégant, distingué. Commençons par dire que le Jefferson...
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  • The Byrds, Notorious Big

    par Adehoum Arbane le 09.07.2024 Le bouillonnant et turbulant Crosby s’est-il dit, en fin d’année 1967, cette phrase prophétique : « Je leur ai balancé ma grenade dégoupillée dans les jambes. Maintenant, on va voir comment ils s’en sortent. » Ils, ce sont Roger McGuinn et Chris Hillman. Il faut dire que cette année décisive pour la pop l’est tout autant pour les Byrds qui traversent une période complexe où les egos se percutent et se séparent dans les éclats de voix de la dissension. Crosby aimerait que le groupe cesse les reprises qui ont fait son succès – il n’aime pas Goin’ Back. Il veut surtout placer ses chansons, dont le sulfureux Triad...
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  • Du Rocabois dont on fait les hommes

    par Adehoum Arbane le 02.07.2024 Comment parler au plus juste d'un artiste ? Sans le décevoir ou le trahir. Sans tomber dans les poncifs critiques ? Que la chose est délicate. Comment aborder Olivier Rocabois ? Par quel bout si l’on ose dire, tant le bonhomme est un sacré morceau, dans tous les sens du terme. Un monstre d’énergie et de générosité pour presque paraphraser Morrison, tantôt drôle, tantôt mélancolique, parfois les deux. Alors, pour une fois, nous n’allons pas comparer un artiste à un autre, plus ancien, ou à un album, ses chansons. Mais à un titre. Un titre, ça peut résumer les choses, faire passer... 
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  • Frénétique mythe errant

    par Adehoum Arbane le 25.06.2024 Imaginez que Jimi Hendrix ait enregistré en 1966, dans le plus grand secret, Electric Ladyland, juste avant de sortir Are You Experienced… C’est un peu le cas, dans une moindre mesure, de Frantic qui a sorti très officiellement en 1970 un unique album plus que recommandable dont la pochette très expressive annonce la couleur de la musique qu’il contient. Du heavy psyché traversé de distorsion et de divers effets alors en vogue. Publié sur un label obscur, Lizard, comme il en existait beaucoup, ce disque est malheureusement resté confidentiel, trouvant un public parmi les fanatiques collectionneurs du genre...
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  • Mandrake Memorial, plan à trois

    par Adehoum Arbane le 18.06.2024
    Reductio ad Hitlerum ! Coup de tonnerre dans le Landerneau de la rock critique ! On ne vous l’avait jamais faite, celle-là, cette attaque, cette infamie. Et pour cause ! Le pire du verbe réduire. Ramener une chose à ce qu’il y a de plus bas. De plus vil. L’horreur faite homme. Réduire, c’est aussi en cuisine parvenir à une forme de quintessence saucière, retirer l’eau par évaporation afin d’obtenir un fond plus concentré en arômes, une texture plus onctueuse. Ici, le verbe est un art, une technique, pas une diversion. Une invention même. Revenons à la pop...

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  • Manset, mieux ennemi du bien

    par Adehoum Arbane le 11.06.2024 Il n’y a pas de meilleur Manset. Dit comme ça, la chose pourrait choquer. Évidemment, on peut trouver dans la discographie de l’auteur-compositeur-interprète quelques pierres angulaires. Des jalons, comme le miroir de la période dans laquelle lesdites œuvres se sont inscrites. On n’en citera que trois par paresse. Gérard Manset 1968, La Mort d’Orion, Manset (appelé aussi Y’a une route). Chacun développe une esthétique, pop psychédélique sur le premier, symphonique et progressive avec le second, rock FM avec la dernier cité. Avec Manset on est aussi troublé par deux aspects...
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  • Pompidou, les années prog

    par Adehoum Arbane le 04.06.2024 Et si on ne devait retenir que cela ? Avec un septennat tronqué, de 1969 à 1974, Pompidou aura été le président des années progressives. Surtout, cet âge d’or musical met malgré lui en lumière le legs pompidolien : un savant mélange entre modernité et enracinement, entre progrès et préservation. D’ailleurs, l’année 69, comme commencement de son mandat, n’est à ce titre pas un hasard. Année charnière refermant la porte des florissantes sixties et ouvrant celles des industrieuses seventies. 69 s’avère aussi l’acte de naissance, en fait le second, du rock progressif avec la sortie de In the court of the Crimson King...
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  • Klaatu, espérance

    par Adehoum Arbane le 28.05.2024 Le mystère chrétien, un pilier du catholicisme. C’est la vérité inaccessible à la raison mais que Dieu donne à connaître en se révélant à travers les Évangiles et le sacrement de l’eucharistie. La pop possède aussi son mystère, voire ses mystères et ses propres évangiles, l’eucharistie s’apparentant à l’écoute des albums rappelant la symbolique de l’Ostie, dans un format plus conséquent. Le mystère pop, est-ce la beauté inattendue s’échappant des microsillons, est-ce le talent que l’on perçoit dans le labeur de la production, est-ce encore autre chose ? Une sorte de mythologie dont les secrets n’auraient pas encore trouvé...
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  • Affinity time

    par Adehoum Arbane le 21.05.2024 Non, les Britanniques ne sont pas tous des John Steed ou des John Drake. Derrière le flegme légendaire de ce peuple à nul autre pareil, surgit par moments, bien souvent, une manière d’être ou de ne pas être justement, une excentricité folle et qui aura donné le meilleur de la pop culture dans ses grandes œuvres. Ce n’est pas tant le style en vogue dans le Carnaby Street des sixties qui nous intéresse ici, encore moins le look hippie baba cool relevant du cliché. C’est un souffle venu d’ailleurs. On pourrait croire qu’il provient des États-Unis en une tornade dévastatrice. Car cette année 1968 où les pavés volent, où les révolutions se font jour... 
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  • The Lemon Twigs, lemon insist

    par Adehoum Arbane le 14.05.2024 La pop sixties aurait pu être un ornement qui prend la poussière. Ce que l’on entend par pop sixties, c’est le sens du baroque, de l’harmonie, la superposition des chœurs comme chez les Beach Boys, les idées, la fantaisie, ce concept ô combien britannique. Eh bien non, celle-ci revit – et nous pesons nos mots – de la plus fringante des manières depuis quelques années et, paradoxalement, de l’autre côté de l’Atlantique. Aux USA. 2016 voit la sortie d’un premier album d’un tout jeune groupe de frangins, les bien nommés Lemon Twigs. En plus, ils ont le toupet de balancer deux tubes imparables, These Words et As Long As We're Together... 
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  • Corridor, de chœur et d'or

    par Adehoum Arbane le 07.05.2024 Corridor au sens littéral du terme. Un passage fermé desservant des espaces différents. Des musiciens de Montréal ont décidé d’en faire leur patronyme voilà quatorze ans. Étonnamment, au fil de leurs quatre albums et quatre EPs, leur musique ne semble pas aussi labyrinthique que leur nom le laisserait supposer. Et leur tout dernier disque en cinq ans, le plus court à ce jour (8 titres seulement), ne déroge pas à la règle. Mimi prolonge un continuum esthétique avec Junior, sorti en 2019. Les deux LP avaient été publiés sous l’étendard Sub Pop. Mais que nous dit ce Mimi, avec sa grosse tête de chat obèse dont le dessin au trait... 
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  • The Musical Box à Pleyel

    par Adehoum Arbane le 30.04.2024 À la sortie du concert que donnait The Musical Box, projet fou de musiciens montréalais s'échinant à rejouer les tournées du Genesis de Peter Gabriel – ici le Selling England by the Pound Tour –, il suffisait d'écouter les commentaires pour se forger un avis. Au-delà des impressions convenues bien que sincères, celles relatant un spectacle total, il fallait laisser traîner ses oreilles à dessein. Mais avant d'en dire plus, un constat s'impose. The Musical Box ne vit pas seulement sur la nostalgie d'un âge d'or musical passé, même si la volonté de faire vivre l’entité Genesis par-delà le temps est réelle. Certes, le public réuni pour l’occasion... 
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  • Gentle Giant, piece of my heart

    par Adehoum Arbane le 23.04.2024 L’esprit de synthèse. Toujours. Les membres du groupe Gentle Giant seraient-ils les François Hollande du prog rock ? Derrière la citation pataude, en forme de culbuto critique, l’adjectif n’aura jamais été aussi pertinent. Contextualisons. En ce second mitant des seventies, le rock progressif semble vivre ses dernières heures. On ne sait pas encore à ce moment précis que seuls Yes et Genesis sauront se réinventer, progressivement s’entend. Attendu que Hammill demeure un électron libre (tout comme Wyatt) et que l’école de Canterbury a tiré ses ultimes cartouches avec National Health. Ne parlons même pas de Gentle Giant... 
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  • MGMT, leadership

    par Adehoum Arbane le 16.04.2024 « I am a musician, not a museum. » Cette citation de Robert Wyatt que l’on pourrait malicieusement traduire par « Je suis un musicien, non un musée-homme » nous enseigne la dure réalité des groupes contemporains dans leur tentative d’exister en s’inscrivant dans le sillon de la pop antique sans pour autant la singer, mieux, en parvenant à en renouveler le langage. Et lorsque c’est le cas, de se confronter à la difficulté de se renouveler soi-même, du moins de poursuivre un chemin qui ne soit pas bâti dans la molle répétition des formules qui ont marché. Au moins, on peut épargner à MGMT ce procès d'intention. 
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  • Nick Wheeldon, Piano Man

    par Adehoum Arbane le 09.04.2024 On attendait que la nouvelle tombe, un album. Mieux, c’est un piano qui nous tombe dessus, du moins entre nos mains religieusement tendues comme au moment tant attendu de la communion. Redisons-le pour les distraits. La musique de Nick Wheeldon n’est pas qu’une simple exploration du passé, sans cesse renouvelée, sans cesse gravée. Nick ne s’amuse pas à être Dylan. Nick s’attache aux états d’âme, aux passions qui nouent les gorges comme des serviettes pour en essorer quelques larmes. Et sans les chevrotements vocaux de Zimmerman. They're not selling flowers around here anymore pourrait... 
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